Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Marie-Georges Picquart

    Picquard.jpg6 septembre 1854 : naissance à Strasbourg du général Marie-Georges Picquart, l’un des principaux artisans de la réhabilitation du capitaine Dreyfus.

    Marie-Georges Picquart est né le 6 septembre 1854 à Strasbourg. Deux ans plus tard, son père est nommé percepteur des contributions directes à Geudertheim où la famille résidera six ans avant de revenir à Strasbourg. Picquart fait ses étude au lycée impérial (aujourd’hui Fustel de Coulanges) avant d’intégrer Saint-Cyr (dont il sortira cinquième) puis l’école d’état-major (il sera le deuxième de sa promotion).

    En 1896, il est nommé à la tête du service de renseignements de l’armée. Il est alors le plus jeune lieutenant-colonel de l’armée française. L’une des principales missions qui lui sont assignées est de renforcer le dossier contre Dreyfus afin de contrer les tentatives de révision du procès. Le hasard voulant que son adjoint, le commandant Henry (l’un des principaux accusateurs de Dreyfus), soit en permission, c’est lui-même qui recueille les informations en provenance de l’ambassade d’Allemagne et c’est ainsi qu’il découvrira le document connu sous le nom de “petit bleu“ qui va faire basculer l’affaire. Ce document semble désigner assez clairement le commandant Esterhazy comme agent de l’Allemagne au sein de l’état-major français. Picquart prend des renseignements sur cet officier et découvre qu’il existe entre Henry et lui des liens étroits. Il se fait remettre son dossier et constate que l’écriture d’Esterhazy est en tout point conforme avec celle du fameux bordereau qui avait déclenché toute l’affaire. Il en informe sa hiérarchie qui lui ordonne de séparer les deux affaires : enquêter sur Esterhazy, soit, mais ne faire aucun lien avec Dreyfus.

    Lorsque, le 10 novembre 1896, “Le Matin“ publie à la une un fac-similé du “bordereau“, Picquart est accusé de cette fuite. Il est aussitôt muté dans l’Est, puis en Algérie et, finalement, en Tunisie. Au cours d’une permission, il raconte son histoire à un ami qui la répétera au vice-président du Sénat, Scheurer-Kestner (Mulhousien comme Dreyfus). Celui-ci mène alors sa propre enquête et ne tarde pas à être convaincu de l’innocence de Dreyfus. Picquart est rappelé à Paris où il lui sera reproché de porter atteinte à la respectabilité d’un officier français. La publication d’une lettre de ce “respectable officier“ dans “Le Figaro“ ne laissera aucun doute sur le sentiment anti-français d’Esterhazy. Son procès s’ouvre le 10 janvier 1898. Esterhazy est acquitté et Picquart inculpé de faux et mis aux arrêts au mont Valérien.

    Deux jours après cet acquittement, Zola publie son célèbre “J’accuse“. Et quand le nouveau ministre de la guerre, Carvaignac, présente devant les députés trois documents importants à ses yeux (dont une lettre nommant Dreyfus) pour confirmer la culpabilité de Dreyfus, Picquart écrit aussitôt au Président du Conseil pour en contester l’authenticité. Cavaignac, après avoir fait renvoyer Picquart en correctionnelle et proposer de le traduire devant la Haute Cour (avec Scheurer-Kestner et Zola), charge un officier de renseignements d’établir l’authenticité des documents contestés. Celui-ci ne peut que constater que la lettre accusant Dreyfus (ce que l’on appelle le “faux Henry“) est un faux grossier. Convoqué par le ministre, Henry (promu lieutenant-colonel entre temps) avoue avoir fabriqué la lettre. Envoyé à son tour au mont Valérien, il s’y suicidera le lendemain en se tranchant la gorge. Personne ne s’étonnera qu’un gaucher se donne la mort… de la main droite.

    Picquart sera réhabilité le même jour que Dreyfus, puis nommé général de brigade en 1906 avec effet rétroactif en 1903. Trois mois après sa promotion il devient ministre de la Guerre du gouvernement Clémenceau, poste qu’il occupera jusqu’en 1909.

    Il meurt le 18 janvier 1914, des suites d’une chute de cheval. Après un enterrement dans le strict cadre familial à Amiens, ses cendres seront déposées au Père Lachaise puis, avec les honneurs militaires, au cimetière Saint-Urbain de Strasbourg le 23 septembre 1919, après la libération.