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L'Alsace en musiques

  • 26 avril 1792, création de la Marseillaise à Strasbourg

    L’histoire

    Strasbourg, 1792. Le Baron de Dietrich, maire de Strasbourg, tient salon. Parmi les habitués, le capitaine Rouget de Lisle, affecté au bataillon “Les enfants de la Patrie“. Le 25 avril, un courrier annonce la déclaration de guerre faite 5 jours plus tôt au roi de Bohème et de Hongrie. Selon la légende, le baron aurait demandé au capitaine, compositeur à ses heures : «Mais vous, monsieur de Lisle .. trouvez un beau chant pour ce peuple soldat qui surgit de toutes parts à l’appel de la patrie en danger et vous aurez bien mérité de la Nation»

    Or ce même jour, Rouget de Lisle avait vu une affiche placardée sur les murs de Strasbourg par la Société des Amis de la Constitution :
    “Aux armes, citoyens ! L’étendard de la guerre est déployé ! Le signal est sonné ! Aux armes ! Il faut combattre, vaincre, ou mourir.
    Aux armes, citoyens ! Si nous persistons à être libres, toutes les puissances de l’Europe verront échouer leurs sinistres complots. Qu’ils tremblent donc, ces despotes couronnés ! L’éclat de la Liberté luira pour tous les hommes. Vous vous montrerez dignes enfants de la Liberté, courez à la Victoire, dissipez les armées des despotes !
    Marchons ! Soyons libres jusqu’au dernier soupir et que nos vœux soient constamment pour la félicité de la patrie et le bonheur de tout le genre humain !“

    Ce texte lui servira de point de départ pour les paroles.

    Pour la musique, c’est une autre histoire.

    la Marseillaise.jpg

    La polémique

    Selon certains musicologues, la mélodie serait en fait due à Ignace Pleyel, compositeur autrichien, ami de Rouget de Lisle, qui avait déjà mis en musique quelques-uns de ses textes et qui fut pendant 10 ans maître de chapelle à la cathédrale de Strasbourg et, à ce titre, un habitué des salons du maire De Dietrich.

    D’autres ont constaté des similitudes avec le concerto pour clavecin en mi-bémol majeur de Carl Philippe Emmanuel Bach, avec le concerto pour piano en fa majeur de Mozart, avec le credo de la Missa Solemnis du compositeur allemand Holzbauer.

    Une autre version est proposée sur Wikipedia : “L’origine de la musique est plus discutée, puisqu’elle n’est pas signée (contrairement aux autres compositions de Rouget de Lisle), et qu’elle semble trop complexe pour avoir été écrite par lui, qui n’était pas un grand musicien. Elle a été composée par Jean-Baptiste Grisons (1746-1815), maître de chapelle à Saint-Omer dans son oratorio Esther (1775). À l’écoute, l’inspiration ne fait aucun doute.“ L'auteur de l'article, bien qu'il semble particulièrement sûr de lui, est l'un des très rares partisans de cette thèse !

    Le nom du compositeur strasbourgeois Jean-Frédéric Edelmann (5 mai 1749 - 17 juillet 1794) a également été évoqué. Son ami le baron de Dietrich, devenu maire de Strasbourg, lui avait commandé un hymne pour la Fête de la Fédération. Les liens qui unissaient les deux hommes pourraient être un argument en faveur de cette thèse, sans un événement qui allait provoquer une profonde divergence entre eux : l’arrestation de Louis XVI à Varennes. Edelmann est Jacobin (il présidera le club des Jacobins de Strasbourg) et de Dietrich, monarchiste constitutionnel. Cette séparation est intervenue l’année précédant la composition de la Marseillaise.

    La version la plus crédible reste bien celle l’attribuant à Pleyel, confirmée par une lettre de Rouget de Lisle à sa famille, lettre dans laquelle il annonce avoir reçu commande d’un hymne de la part du maire de Strasbourg et s’être adressé, pour ce faire, à son ami Pleyel. Alors pourquoi celui-ci n’en a-t-il pas revendiqué la paternité ? Peut-être parce que nous sommes alors en pleine période révolutionnaire et qu’il était autrichien… Il valait mieux en laisser la paternité à un républicain patenté !
    A l’appui de cette version, plusieurs témoignages. Ainsi, Hubert d’Andlau, actuel propriétaire du château d’Ittenwiller, alors propriété de Pleyel, raconte : « Rouget de L’Isle savait manier la plume pour créer des vers de mirliton. Mais ses connaissances en musique étaient sans doute précaires. Aussi décida-t-il de rendre visite à son ami Pleyel à Ittenwiller afin de lui demander son aide. Ittenwiller est sans doute le vrai berceau de la Marseillaise. Mon père aimait raconter cette histoire en concluant : Je ne peux pas le prouver, mais personne ne peut prouver le contraire ! ».
    Pleyel, jusque-là suspecté de sympathies royalistes allait rapidement être complètement réhabilité et même obtenir la nationalité française (Edelmann, lui sera guillotiné) ! Quant à l'argument principal des opposants à la thèse Pleyel, l'absence de ce dernier (il était à Londres à cette période), elle ne tient pas face aux usages de l'époque qui consistait, souvent, à "plaquer" un texte sur une mélodie existante : celle-ci pouvait tout à fait avoir été composée quelque temps plus tôt (Pleyel et Rouget de L'Isle avait déjà collaboré).

    Le couplet des enfants aurait été ajouté en octobre 1792 par l’abbé Pessonneaux à l’occasion d’une fête donnée à Vienne dans l’Isère en l’honneur des Marseillais se rendant à Paris (d'autres versions parlent de la Fête de la Fédération).

    Contrairement à la légende (et au célèbre tableau d’Isidore Pils, ci-dessus), ce n’est pas Rouget de Lisle qui en a donné la première audition, mais le baron de Dietrich lui-même qui avait, paraît-il, une assez jolie voix de ténor, accompagné au clavecin par la baronne.

     

    Son évolution

    En 1792, François-Joseph Gossec orchestre la Marseillaise et l’intègre à “Offrande à la liberté“. Puis c’est Méhul, en 1795, chargé d’arranger pour plusieurs voix la musique, qui introduit des changements qui ont subsisté.

    En 1830, Berlioz en donne sa version. En 1887, une commission musicale, nommée par le Général Boulanger et présidée par le compositeur Ambroise Thomas, a pour mission de transformer la Marseillaise en marche militaire.

    En 1974, le président Giscard d’Estaing demande qu’elle soit réarrangée d’après les partitions anciennes et harmonisée avec un rythme plus proche de l’original, moins martial, plus dans l’esprit d’un hymne.

    Retour en arrière, en 1981 : à la demande du président Mitterrand, le rythme “traditionnel“, plus rapide, est rétabli.

    Pour ma part, et bien que je n’ai aucune compétence particulière en la matière, je suis partisan d’un rythme plus lent. A ceux qui objectent que le “Chant de guerre pour l’armée du Rhin“ est bien une marche et que le rythme rapide est donc plus adapté, je répondrai sur deux points : la version originale, chant accompagné au clavecin, ne permet pas un rythme très martial et, d’autre part, si l’on se réfère aux marches datant de cette époque et encore régulièrement interprétées (la Marche Consulaire, par exemple), leur rythme est beaucoup plus lent que celui des marches plus récentes.

    Enfin, tout simplement, quel intérêt y aurait-il eut à créer une commission pour transformer la Marseillaise en marche si tel avait déjà été le cas ?

    Quoi qu’il en soit, la Marseillaise est l’un des rares hymnes connus dans le monde entier.

     

     

  • Les cloches de la cathédrale de Strasbourg

    Le 10 mars 1875 est créée, à Budapest, une cantate, peu jouée de nos jours, de Franz Liszt : "Les cloches de la cathédrale de Strasbourg". L'œuvre ne lui a pas été directement inspirée par ces cloches, mais par un poème de Henry Longfellow, "The golden legend", et plus précisément le prologue, "The spirit of Strasburg cathedral", qui décrit la tempête déchaînée par Lucifer et ses démons autour de la cathédrale, alors qu'ils tentent d'abattre la croix qui surmonte sa flèche. Vaincus par les saints et les anges-gardiens, Lucifer et ses démons sont contraints à la fuite au son des cloches et de l'orgue qui saluent leur défaite. 

    Un autre compositeur, Sir Arthur Sullivan (plus connu pour ses opérettes composées sur des livrets de William S. Gilbert) mettra ce poème en musique, cette fois dans son intégralité, la scène strasbourgeoise retrouvant sa place de prologue.

     

    Première exécution "in loco" de l'œuvre en la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg.

    Et après l'évocation, les vraies : 

     

    En complément, le prologue de "The golden legend" d'Arthur Sullivan", inspiré du même poème.

     

  • L'Alsace à l'opéra

    Le 4 janvier 1864, aux Bouffes Parisiens, Offenbach présente ce qu’il qualifie lui-même de “conversation alsacienne en 1 acte“, un petit opéra-comique intitulé “Lischen et Fritzchen ou Alsacien et Alsacienne“, qui ne comporte que deux personnages : Lischen, Alsacienne, marchande de balais, et Fritzchen, Alsacien, domestique. Les deux personnages, à l’accent alsacien prononcé, se rencontrent par hasard dans la rue. Chacun d’eux croit que l’autre se moque de son accent jusqu’au moment où ils découvrent qu’ils sont tous les deux Alsaciens !