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Antoinette Lix, du couvent au champ de bataille.

Plaque.jpgDans cette rue passante et touristique qu’est la Grand Rue de Colmar, la petite plaque apposée sur la maison qui fait l’angle avec la rue Pfeffel passe totalement inaperçue.

Moi-même, qui habitait à deux pas de là et passait devant quotidiennement, je ne l’avais jamais remarqué et je ne l’ai découverte que bien des années plus tard sur internet ! Elle porte l’inscription suivante : “Antoinette Lix, lieutenant de uhlans polonais, lieutenant de francs-tireurs, est née dans cette maison le 31 mai 1839.

Antoinette n’a que 5 ans lorsque sa mère meurt. Son père, aubergiste, mais qui avait jadis servi dans la cavalerie, décèle rapidement son côté garçon manqué et un caractère bien plus affirmé que son frère, pourtant plus âgé de six ans qu’elle. Il lui enseigne donc ce qu’il connaît : l’escrime, le maniement des armes et l’équitation. Pour couronner le tout, il la surnomme Tony !

Face à la désapprobation de son entourage, il se résoud à lui donner une éducation plus conforme à la norme et la fait admettre, à 11 ans, comme pensionnaire à l’institution des Sœurs de la Divine Providence de  Ribeauvillé. Le changement de vie est radical, mais elle obtient néanmoins, à 17 ans, son brevet et sa licence d’institutrice. La Mère Supérieure la présente alors à la famille Lubianski, des nobles polonais à la recherche d'une préceptrice française. Elle est engagée et part pour le château de Sycz, en Pologne, où, pendant sept ans, aux côtés d’une institutrice anglaise et d’une allemande, elle s’occupe de l’éducation des enfants, tout en renouant avec ses habitudes sportives, particulièrement l’équitation.

Le 22 janvier 1863, des troubles éclatent à Varsovie. Alors que les deux autres institutrices rentrent dans leurs pays, Antoinette choisit de rester : son père étant mort des suites d’une chute de cheval quelques années plus tôt, elle ne voit aucune raison de partir.
La situation devenant de plus en plus en plus critique, le comte Lubianski se voit contraint à l’exil. C’est alors que le destin d’Antoinette va basculer. Un soir, un messager arrive au château. Il allait prévenir le général Boncza, ami des Lubianski dont le campement se trouvait à proximité, que les Russes s’apprêtaient à l’attaquer, quand son cheval, épuisé, s’est écroulé sous lui. Antoinette, ne sachant si elle pouvait se fier à un serviteur, s’habille en homme, selle un cheval et va porter elle-même le message. Elle arrive trop tard, l’attaque a commencé et le général est grièvement blessé. Elle s’empare alors d’un sabre et galvanise la petite troupe qui, sous sa conduite, met l’ennemi en fuite. Le général Boncza, mourant, demande à voir “le jeune homme“ à l’origine de cet exploit. Elle déclare se prénommer Michael et le général lui confie alors le commandement de sa troupe.

Quelques temps plus tard, ne pouvant reprendre tout de suite le service actif à la suite d’une blessure à la jambe, elle se rend en France en mission pour le Comité Central polonais. Elle reviendra en Pologne avec un passeport au nom de Michel Lix. Son unité ayant été dispersée, elle s’enrôle comme simple soldat, puis est nommé maréchal des logis traducteur auprès d’un officier français. Pour avoir enlevé un drapeau à l’ennemi, elle est promue sous-lieutenant, puis lieutenant des uhlans. Quelques semaines plus tard, au cours d’une patrouille, elle est capturée par les Russes : grâce à son passeport français, elle a la vie sauve et est expulsée en Prusse. Elle rejoint la famille Lubianski qu’elle accompagne à Dresde. Là, elle suit des cours de médecine et obtient son diplôme d’infirmière.

En 1865, elle rentre en Alsace où elle travaille quelque temps dans une maison de commerce comme correspondancière en langues étrangères (elle parle l’anglais et le polonais).
L’année suivante, comme une épidémie de choléra sévit dans le Nord, elle se rend à Lille pour aider à soigner les malades. A son retour, épuisée et affaiblie, elle suit les conseils des médecins et part se reposer aux Trois-Epis.
Grâce à l’intervention de l’épouse du ministre de l’Intérieur, rencontrée lors d’un séjour à Paris, elle est nommé, le 16 mars 1869, receveuse des Postes du bureau de Lamarche, dans les Vosges.

Lorsqu’éclate la guerre, en 1870, ne pouvant entrer dans l’armée régulière, elle rejoint les francs-tireurs où elle retrouve son grade de lieutenant. Son héroïsme lui vaudra une citation, mais, lorsque les francs-tireurs seront intégrés dans l’armée des Vosges commandée par Garibaldi, elle démissionne, refusant de servir sous les ordres de celui qui avait combattu contre les états pontificaux ! Elle rejoint alors le corps des ambulances.

La paix revenue, elle retourne à son bureau de poste de Lamarches, où elle s’occupe également des malades et des exclus. Une dizaine d’années plus tard, malade, elle abandonne le bureau de poste et obtient les bénéfice d’un débit de tabac à Bordeaux. Elle-même séjourne alors à Paris, où elle réside un temps au couvent des sœurs de Notre-Dame-de-Sion.
Elle travaille à des traductions et écrit quatre romans à caractère patriotique : “Tout pour la Patrie“ (1884), “Les neveux de la chanoinesse“ (1886), “Jeunes brutions et vieux grognards (1889) et “A Paris et en province“ (1889).

En 1898, elle entre à l’hospice de Saint-Nicolas-du-Port où elle décède le 14 janvier 1909.

 

Pour en savoir plus sur Antoinette Lix : nalosi.free.fr/fleurence/lix.htm

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