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Alsaciens célèbres

  • Eugène Ricklin, figure du mouvement autonomiste alsacien

    Eugène Ricklin est né le 12 mai 1862 à Dannemarie.

    Ricklin.jpgIl fait ses études au collège de Belfort, puis aux lycées d’Altkirch, de Colmar et de Ratisbonne pour les poursuivre dans les universités de Freiburg, Munich et Erlangen. Après avoir obtenu son doctorat en médecine, il revient à Dannemarie où, à 29 ans, il entre au conseil municipal.

    En 1896, il devient membre du Conseil général (Bezirkstag) de Haute-Alsace, puis, en 1900, du Landesausschuss à Strasbourg (Conseil d’Alsace-Lorraine) et enfin, le 16 juin 1903, du Reichstag à Berlin en tant que député de la circonscription de Thann-Altkirch.

    En 1898, il prend la succession du maire, décédé. Quatre ans plus tard, il est destitué par l’administration allemande suite à une plainte pour “offense à l’empereur“ et pour avoir réclamé un statut d’autonomie pour l’Alsace-Lorraine. Il reste cependant membre du conseil municipal. Parallèlement, il poursuit sa carrière médicale à Dannemarie de 1888 à 1910, puis à Carspach-Sonnenberg.

    En 1911, l’Alsace-Lorraine est dotée d’une constitution et d’un parlement, le Landtag, qui remplace le Landesausschuss. Le pouvoir législatif est transféré à cette assemblée composée de deux chambres : la première est composée de 42 membres (18 nommés par l’Empereur, 18 nommés par les corps constitués - églises, chambre de commerce, Université…- et 6 élus) et la seconde de 60 membres élus pour 5 ans au suffrage universel dont Ricklin est élu président.

    Pacifiste, il participe aux conférences de la Paix de l’Union interparlementaire de Berne et de Bâle où il fera la connaissance de Jean Jaurès.
    Durant la guerre, il sert dans l’armée allemande comme médecin militaire.

    Fervent partisan de l’autonomie, Ricklin s’oppose au nouveau pouvoir français comme il s’était opposé au pouvoir allemand.
    Dès le lendemain de la fin de la guerre, il convoque le “Nationalrat“, le mouvement qu’il avait créé pour “sauver les acquis politiques“. Il en est élu président.
    Sa proposition de soumettre à l’acceptation des autorités françaises un texte garantissant les droits alsaciens est repoussé par la majorité des membres. Ricklin est mis en minorité et le “Nationalrat“, devenu “Conseil National“ disparaît.
    En mars 1919, Ricklin est envoyé en résidence forcée dans la zone occupée près de Kehl et n’est autorisé à rentrer qu’en novembre 1919, après les élections législatives.
    Il revient à la vie publique en 1925 et intègre la rédaction du journal “Zukunft“. Il participe ensuite à la fondation du mouvement autonomiste “Heimatbund“ dont il est élu président. Un manifeste pour l’autonomie, publié le 5 juin 1926 et signé par une centaine de personnalités locales, vaudra à ses auteurs, accusés de séparatisme, d’être arrêtés et traduits en justice.
    Bien qu’emprisonné, Ricklin et un autre autonomiste, Joseph Rossé, se présentent aux élections législatives de mai 1928 sous les couleurs de l’Union Populaire Républicaine et sont élus. Libéré le 14 juillet, suite à la grâce présidentielle, Ricklin se présente aux élections cantonales d’octobre 1928 et est élu au Conseil général. Mais les deux élections seront invalidées, la première par l’Assemblée Nationale (par 195 voix pour, 29 contre et 416 abstentions), la seconde par le Conseil d’Etat le 22 mars 1929.
    De nouvelles élections sont organisées le 2 juin suivant, Ricklin et Rossé se représentent et sont réélus. Cette élection sera à nouveau invalidée par le Conseil d’Etat.

    Après la grâce présidentielle de 1928, Ricklin attendait une amnistie et une réhabilitation promise. Celle-ci tardant à venir, six députés autonomistes déposent un bulletin au nom de “Docteur Eugène Ricklin, ancien président du Parlement d’Alsace-Lorraine“ lors de l’élection présidentielle de 1931 qui verra l’élection de Paul Doumer.

    Définitivement retiré de la vie politique, Eugéne Ricklin décède le mercredi 4 septembre 1935 après un long séjour à l’hôpital de Dannemarie.

  • Charles-Xavier Thomas de Colmar

    Dans le square faisant face à l’entrée du Conservatoire, boulevard du Champ-de-Mars, se dresse une stèle dédiée à Charles-Xavier Thomas, inventeur de la première machine à calculer industrielle.

    Thomas.jpgCharles-Xavier Thomas est né le 5 mai 1785 à Colmar, au n°8 de l'actuelle rue Rapp. Sa famille, d’origine bourguignonne, s’était installée à Guebwiller pendant la guerre de Trente Ans. Son père, médecin, avait exercé à Colmar avant de travailler à l’hospice de Rouffach, ville dont il fut élu conseiller municipal.

    Après ses études, Charles-Xavier devient officier d’intendance. Il sera, successivement, caissier général des vivres de l’armée du Portugal  (1809), directeur du magasin des vivres du quartier général de l’armée à Séville (1810), garde-magasin général des armées en Espagne (1813) et inspecteur des vivres de l’armée française à Bayonne. Alors que l’ensemble des troupes connaît de graves problèmes d’approvisionnement, celles sous sa responsabilité ne manqueront jamais de rien grâce à sa parfaite organisation. C’est à cette période que germe l’idée d’une machine à calculer.

    Démobilisé, il part pour l’Angleterre où il découvre le métier des assurances. A son retour en France, en 1819, il fonde à Paris, avec un associé suisse, la Compagnie Française d’Assurance “Le Phénix“, dont il devient directeur général. N’ayant pas une totale liberté de gestion, il la quitte et fonde sa propre compagnie “Le Soleil“, en 1829, puis “L’Aigle Incendie“, en 1843, dont il confie la direction à l’un de ses fils (ces deux compagnies, ainsi que “La Nationale“, nationalisées en 1946, fusionneront en 1968 sous le nom de GAN, Groupe des Assurances Nationales). Sous le Second Empire, il devient le premier assureur de France.

    Créé chevalier de l’Empire, il se fera appeler Thomas de Colmar.

    Thomas2.jpgParallèlement, il développe son idée de machine à calculer et dépose son premier brevet en 1820. Il présente son invention à la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale qui, en 1821, charge l’un des ses vice-présidents, M. Francoeur, de l’étudier : « Messieurs, vous m’avez chargé, d’examiner une machine que vous a présentée Monsieur Thomas de Colmar et qu’il nomme “arithmomètre“. La première machine de ce genre qu’on connaisse est celle que Pascal inventa à l’âge de 19 ans. Elle était fort compliquée. On a depuis imaginé sur ce modèle diverses conceptions de même nature : celle de l’Epine et celle de Boistissandeau ont mérité d’être approuvées par l’Académie des Sciences. On trouve dans l’ancienne encyclopédie la description de celle de Diderot. Le défaut de toutes ces machines est de ne se prêter qu’à des calculs très simples. Toutes sont aujourd’hui tombées dans l’oubli, et on ne les regarde que comme des conceptions plus ou moins ingénieuses. Celle de Monsieur Thomas de Colmar ne ressemble nullement aux autres : elle donne de suite les résultats du calcul sans tâtonnement et n’est faite à l’imitation d’aucune des premières. Il est certain que Monsieur Thomas de Colmar n’avait pas connaissance de celles-ci quand il imagina la sienne, et qu’il n’a pu s’aider des travaux de ses prédécesseurs…  ».

    L’année suivante, un second rapport conclu : «L’invention de Monsieur le Chevalier Thomas de Colmar nous paraît devoir être rangée au nombre de ces découvertes qui font honneur à ceux qui les conçoivent et sont glorieuses pour l’époque qui les produit».

    Chevalier de la Légion d’Honneur depuis 1821, son invention lui vaut être promu au grade d’officier par décret impérial en 1857.

    Pour promouvoir son arithmomètre, Thomas n’hésite pas à en offrir aux têtes couronnées qui le récompensent en retour : le Bey de Tunis lui confère le titre de commandeur du Nicham Iftikhar, le roi des Pays Bas le fait Chevalier de l’Ordre de la Couronne de Chêne, le Pape Pie IX Commandeur de l’Ordre de Saint Grégoire le Grand, le roi de Sardaigne le fait Chevalier de l’Ordre Royal des Saints Maurice et Lazare, le Grand Duc de Toscane l’ennoblit à perpétuité, de mâle en mâle, et le roi de Grèce lui remet la Croix de Chevalier du Sauveur.

    Avec plus de 2 000 machines construites, l’arithmomètre est un succès commercial.

    Charles-Xavier Thomas se trouve à la tête d'une fortune considérable. A son décès, en mars 1870, le journal “Le Gaulois" lui consacre un article dans lequel on peut lire : « Dans les couloirs on parle du Roi Soleil. Pas celui de Versailles, mais du Roi Soleil de Colmar, le haut et très puissant Seigneur Thomas, Fondateur et Directeur de la Compagnie d’Assurances Le Soleil. Le Roi Soleil laisse une fortune de plus de 24 millions».

    Il possède, outre de nombreuses actions et obligations, un hôtel particulier rue du Helder à Paris (siège de la Compagnie “Le Soleil“), un autre boulevard Haussman (où il décède), le château de Champfleury à Carrières-sous-Poissy, le château et le domaine de Mairé près de Châtellerault et, surtout, le château de Maisons-Laffitte.

    Dans le domaine de l’assurance, Thomas fut à l’origine de nombreuses innovations : contrat à durée illimitée avec clause de tacite reconduction, garantie incendie maintenue même en cas d’émeute ou de guerre, système d’assurés participants qui pouvaient, selon le résultat annuel de la Compagnie, soit être mis à contribution jusqu’au doublement de leur prime, soit être intéressés aux bénéfices, (80 % des bénéfices leur étaient réservés)… Il crée des comités locaux chargés du démarchage, récompense les employés les plus performants par l’attribution de primes… et fonde une caisse de retraite pour son personnel.

    Charles Xavier Thomas est enterré au cimetière du Père Lachaise.

  • Jean-Frédéric Edelmann

     

    Edelmann.jpgJean-Frédéric Edelmann est né à Strasbourg le 5 mai 1749 dans une famille de facteurs d’orgues et de clavecins. Au lycée de Strasbourg, il fait la connaissance de Philippe-Frédéric, fils du baron de Dietrich (son cadet d’un an) avec lequel il poursuit ses études de droit à l’Université protestante.
    En 1774, il s’installe à Paris où il se fait rapidement  connaître, tant comme compositeur que claveciniste. Il enseigne également et a pour élèves, entre autres, Méhul et Louis Adam, le futur fondateur de l’école française de piano, Alsacien comme lui. En 1789, il retourne à Strasbourg et est nommé administrateur du Bas-Rhin. L’année suivante, son ami Philippe-Frédéric de Dietrich devient maire de Strasbourg. C’est à la demande de ce dernier qu’il compose, en 1790, un hymne pour la Fête de la Fédération. Edelmann et de Dietrich sont, tous deux, membres de la Société des Amis de la Constitution, mais, après l’arrestation de Louis XVI à Varennes, leurs opinions divergent : le premier est Jacobin (il présidera le club des Jacobins de Strasbourg), le second, monarchiste constitutionnel. De Dietrich sera arrêté en 1793, et bien qu’il s’était opposé à lui, Edelmann sera accusé de l’avoir soutenu. Il est arrêté à son tour avec son frère Geoffroy Louis. Ils seront jugés sommairement, puis guillotinés le 17 juillet 1794.

    Edelmann fait partie des compositeurs auxquels a été attribuée la musique de la Marseillaise, en raison, notamment, de leurs liens d’amitiés (c'est De Dietrich qui aurait commandé une marche à Rouget de Lisle, auteur du texte mais certainement pas compositeur de la musique). Deux détails viennent contredire cette thèse : la divergence politique entre Edelmann et de Dietrich l’année précédant la composition de la Marseillaise et la fin tragique d’Edelmann. Pleyel, autre compositeur supposé de notre hymne national (qui avait, en outre, collaboré à plusieurs reprises avec Rouget de Lisle), considéré un temps comme royaliste et assigné à résidence, c’est vu, sans raison apparente, complètement réhabilité, obtenant même la nationalité française.