Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le massacre de la Saint-Valentin à Strasbourg

Le 14 février 1349 eut lieu à Strasbourg l’un des événements les plus horribles de l’histoire alsacienne.

 En 1347, la peste noire avait fait son apparition en Europe. Ses ravages étaient considérables. Or, probablement en raison de leur mode de vie (le respect de lois alimentaires, le refus de tout excès…) les Juifs semblaient moins frappés que les Chrétiens. La populace avait besoin de boucs émissaires, les Juifs semblaient donc tout indiqués. A Wintzenheim, sous d’atroces tortures, des Juifs avouèrent leur culpabilité : il n’en fallait pas plus pour attiser la haine et les premiers massacres eurent lieu en Rhénanie, en Suisse, en Haute-Alsace…

Les édiles strasbourgeois, inquiets, firent fermer le quartier juif afin d’en protéger les habitants. Les seigneurs alsaciens, réunis à Benfeld, lancèrent un appel au calme. En vain.

Le 9 février, les délégués des corporations demandèrent à Pierre Schwarber, l’ammeister de Strasbourg (le représentant élu des corporations, le plus haut magistrat de la ville qui détenait le pouvoir exécutif), l’arrestation de tous les Juifs. Il s’y opposa fermement et, devant l’attitude menaçante des délégués qui l’accusaient d’être vendu aux Juifs, il les fit arrêter. L’un d’entre eux parvint pourtant à s’échapper et à ameuter les corporations. Celles-ci se réunirent sur la place de la cathédrale pour décider des actions à mener. L’intervention des deux stettmeister (les représentants élus des notables et des nobles) n’y changea rien et ils furent à leur tour accusés de corruption et insultés.

Le lendemain, menés par les tanneurs et les bouchers (ceux-ci avaient contracté de lourdes dettes auprès des Juifs !), les émeutiers renversèrent le gouvernement strasbourgeois. Pour donner un semblant de légalité à leurs actes, les insurgés élirent un nouveau sénat. Pierre Schwarber est déchu de sa qualité de bourgeois de Strasbourg, il est condamné au bannissement perpétuel et à la confiscation de ses biens. Betschold, un boucher connu pour être l’ennemi juré des Juifs, est nommé ammeister. Les chroniques de l’époque relatent l’ampleur de ce qui allait suivre : «Dès l’aube, un vacarme indescriptible remplissait les rues de Strasbourg : c’était le bruit des troupes en marche, avançant au rythme de chants sauvages, accompagnés des cris de femmes déchaînées. Lorsqu’elle eut brisé les barrières qui fermaient l’entrée du quartier juif, la foule se précipita dans le ghetto. Hommes et femmes, enfants et vieillards furent égorgés sans pitié. Dans les maisons incendiées, des familles entières disparurent sans laisser trace

Les survivants de ce massacre furent traînés au cimetière juif où un bûcher avait été dressé. Les enfants furent baptisés avant d’être jeté dans le bûcher. Quelques mères réussirent à arracher leur enfant des mains des “baptiseurs“ et se jetèrent avec eux dans le bûcher.

Dans ces massacres, la peste n’était qu’un prétexte. Selon le chroniqueur Twinger von Königshofen : «S’ils avaient été pauvres et si les nobles ne leur devaient rien, ils n’auraient pas été brûlés».

Commentaires

  • Merci, vous que je ne pense pas connaître : c'est un article précis et circonstancié.
    N'oubliez pas de consulter de temps à autre notre page fb,

    Alsace Littérature !

    Nous allons vous y recommander

    Bis bàld !

  • J'ignorais absolument cette ignoble page d'histoire.
    C'est vrai que les Juifs ont souvent servi de prétexte à bien des exactions.

    Merci pour l'info

    Joachim

Écrire un commentaire

Optionnel