Germain Muller est né le 11 juillet 1923 à Strasbourg.
Peu intéressé par les études, il est renvoyé du lycée Kléber pour ses nombreuses absences. Son père réussit néanmoins à l’inscrire au lycée Fustel de Coulanges où il terminera ses études secondaires avant d’entrer dans la classe d’art dramatique du Conservatoire de Strasbourg. Il y est reçu major de sa promotion. Parallèlement, il anime des cours de théâtre avec Marcel Mangel, le futur mîme Marceau. Mais arrive 1939 et l’exode. Sa famille se réfugie à Bordeaux où il peut alors poursuivre ses études d’art dramatique (il est, encore une fois, major de sa promotion). Lorsque sa famille rentre en Alsace, c’est au Staatstheater de Karlsruhe qu’il termine ses études, ce qui lui fera dire plus tard : « Comme j’ai eu une double formation, française et allemande, de comédien, les Français m’engageaient pour tenir des rôles d’Allemand et les Allemands pour jouer les Français ! ».
Comme la plupart des Alsaciens de sa génération, il est enrôlé de force dans la Wehrmacht en octobre 1943. Il déserte et se réfugie en Suisse. Dans le camp dans lequel il est interné, il organise des représentations théâtrales. Libéré en 1944, il rejoint la Première Armée française du général de Lattre de Tassigny et participe à la libération de Strasbourg.
Démobilisé, il est engagé comme speaker bilingue à Radio Strasbourg. Il y produit également des émissions de variétés et y fait la connaissance de celle qui allait devenir son épouse, la comédienne et speakerine Dinah Faust. C’est également là qu’il rencontre un tout jeune comédien qui a pris pour pseudonyme le nom de jeune fille de sa mère, Ducerf. Ce fut le début d’une longue amitié et, lors de la disparition de Germain Muller, Jacques Martin (car c’est lui qui se cachait derrière Ducerf) lui dédia son “Dimanche Martin“.
En 1946, Germain Muller créé son fameux “Barabli“, un spectacle alliant satyre politique, comédie et chanson. En 1949, il écrit (en cinq jours) ce que beaucoup considère comme son chef-d’œuvre “Enfin… redde m’r nimm devun !“ (Enfin… n’en parlons plus !), une pièce de théâtre qui fait revivre, avec son ton si personnel fait d’humour et de sensibilité, l’histoire d’une famille alsacienne (celle de l’instituteur Gustave Meyer) entre 1939 et 1945.
En 1959, élu au conseil municipal de Strasbourg sur une liste indépendante, il rallie Pierre Pfimlin et devient adjoint au maire chargé des affaires culturelles. Sous son impulsion est créé le théâtre du Maillon, l’orchestre municipal (le doyen des orchestres français) devient Orchestre Philharmonique de Strasbourg et est le premier orchestre français à avoir sa propre salle de concert, le Palais de la Musique et des Congrès, mais, surtout, il est à l’origine de la fusion des opéras de Strasbourg et de Mulhouse avec la création de l’Opéra du Rhin, le premier opéra régional en France, qui deviendra très rapidement l’une des premières scènes européennes. Germain Muller en sera le premier président et instituera la présidence tournante entre les trois villes qui compose le syndicat gestionnaire de la nouvelle structure.
En 1989, il met un terme au “Barabli“ avec un dernier spectacle auquel participe, entre autres, Jacques Martin, membre de la troupe entre 1959 et 1962.
Il meurt à Strasbourg le 10 octobre 1994.
Il était Chevalier de la Légion d’honneur, Commandeur des Art et des Lettres, Officier dans l’Ordre national du Mérite, Officer of the Order of the British Empire et Chevalier de l’ordre du Danebrog.
« C’est lui qui nous a montré que l’humanisme alsacien existe encore et il ne se passe pas un jour sans que je pense à lui » (Tomi Ungerer).
En 1964, il écrit la célèbre chanson “M’r senn schien’s d’Letschte“ (Nous sommes, paraît-il, les derniers) qui place les Alsaciens face à leurs responsabilités linguistiques et terminera chaque revue du Barabli.
Mer senn schien’s d’Letschte, ja d’Allerletschte
Vun dänne Lätze wo noch so bâbble,
Wie de Schnâwel en gewachse-n-esch,
Noch uns esch ferti mit däm Trâfari
Un no wurd endli, im ganze Frankri
Ge parlez-vous numme franzeesch.
Un s’esch erächt eso, mer hanns e so gewellt,
Un s’esch erächt eso, mer hann uns gern verkellt
Vor luetter «Mueder loss’mi a met défiler»
Wäje de Bändele, senn mer jetzt gar nix meh.