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D'r Elsass blog fum Ernest-Emile - Page 91

  • La Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg

    C'est le 9 août 1871 qu'est officiellement inaugurée la Bibliothèque Impériale, ancêtre de la Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg. Actuellement en travaux, la réouverture de la BNU est prévue pour le premier semestre 2014.

    BNU.jpgJusqu’en 1870, Strasbourg était la seconde ville de France pour le nombre d’ouvrages conservés. Mais dans la nuit du 24 au 25 août, lors du siège de Strasbourg, le Temple-Neuf est détruit par un bombardement : c’est là qu’étaient conservées les prestigieuses collections des bibliothèques du Séminaire protestant et de la Ville de Strasbourg. 3 446 manuscrits parmi lesquels une encyclopédie de la connaissance médiévale réalisée au 12e siècle sous la direction de l’abbesse Herrade de Landsberg, l’Hortus Deliciarum, ade nombreuses œuvres de Maître Eckart, de Jean Tauler ou de Conrad de Würzburg disparaissent

    La perte est irréparable, mais de nombreuses personnalités se mobilisent et répondent à l’appel aux dons lancé le 30 octobre 1870 par Karl August Barack, le nouvel administrateur de la bibliothèque recréée.

    Le 9 août 1871 (pour le centenaire de l’obtention par Goethe de ses premiers diplômes à l’université de Strasbourg) la nouvelle bibliothèque est inaugurée : elle compte alors 200 000 volumes et est installée au Palais des Rohan. Par une déclaration officielle du 19 juin 1872 (confirmée par un décret impérial du 29 juillet 1891) elle devient Kaiserliche Universitäts- und Landesbibliothek zu Strassburg (KULBS). Les collections ne cessent de s’enrichir et la construction d’un nouveau bâtiment devient nécessaire..

    Le 29 novembre 1895, la bibliothèque, riche alors de 600 000 volumes, intègre officiellement ses nouveaux locaux, sur l’actuel place de la République, alors Kaiserplatz, face au Palais Impérial.

    La volonté allemande de faire de Strasbourg une vitrine de la culture et du savoir profitera à la bibliothèque qui fera l’acquisition de prestigieuses collections.

    En 1918, lors du retour de l’Alsace à la France, elle compte plus d’un millions de volumes et redevient la seconde bibliothèque de pays. Par décret du 29 juillet 1926, elle devient établissement public national.

    En 1939, près d’un million et demi d’ouvrages sont évacués et mis à l’abri dans différents lieux, tant en Alsace qu’en Auvergne. Malheureusement, les collections de médecine, seules rescapées du bombardement de 1870, entreposées à Barr seront détruites lors d’une attaque aérienne sur la ville. Avant d’évacuer Strasbourg, les occupants transfèrent en Allemagne une grande partie des précieux ouvrages qui n’avaient pu être déplacés. Tous ne pourront être récupérés.

    Aujourd’hui, la Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg reste la seconde bibliothèque de France en termes numériques, l’une des toutes premières collections égyptologiques européennes, la première bibliothèque de l’enseignement supérieur, la première pourvoyeuse du prêt entre bibliothèques en France pour les sciences humaines et sociales. Elle est Centre d’acquisition de la documentation et de l’information scientifique et technique (CADIST) et pôle associé de la Bibliothèque nationale de France pour l’aire culturelle germanique et les sciences religieuses.
    (Source BNU Strasbourg)

    Le projet architectural

  • Décès d'André Weckmann

    Weckmann.jpgAndré Weckmann est né le 30 novembre 1924 à Steinbourg (près de Saverne) où ses parents tenaient la Dorfwirtschaft.

    Incorporé de force dans la Wehrmacht en 1943, il déserte et rejoint le Forces Françaises Libres.

    Après la guerre, il est professeur d’allemand au lycée de Neudorf, anime des émissions radiophoniques locales et se consacre à l’écriture (il publie son premier roman “Les Nuits de Fastov“ en 1968).

    Ardent défenseur du bilinguisme, il est l’auteur de méthodes destinées à la sauvegarde du dialecte.

    Victime d’une chute, la semaine dernière, il avait été hospitalisé à Strasbourg où il est décédé ce dimanche à l’âge de 88 ans.

     


     

    Documentaire : "André Weckmann, une poignée d'orties"

  • Haute gastronomie alsacienne

    En 1882, une famille d’agriculteurs d’un petit village alsacien, situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Colmar, ouvre une petite auberge de campagne, “l’Arbre vert“, au bord de l’Ill.

    C’est Frédérique, l’arrière-grand-mère du chef actuel, qui tient alors les fourneaux. L’auberge va rapidement être connue pour sa matelote et sa friture de poissons de l’Ill ainsi que ses plats de gibier, en saison de chasse.

    En cuisine, Henriette succède à sa mère, assistée par Marthe, épouse de son frère Fritz (qui lui gère l’exploitation familiale) et spécialiste des desserts ! Durant ces premières années, la réputation de l’auberge va croissante, le dimanche on y vient de Colmar et Sélestat, tout proches, mais aussi de Strasbourg. Durant la saison de la chasse, la famille Peugeot y a ses habitudes…

    Dans la génération suivante, c’est Paul, le fils de Marthe et de Fritz qui a la vocation culinaire. Son frère, Jean-Paul, est plus attiré par l’art et étudie aux Arts décoratifs de Strasbourg. Paul, lui, entre en apprentissage chez Edouard Weber à l’hôtel de La Pépinière à Ribeauvillé. Une personnalité, ce Weber : ancien cuisinier à la cour des Tsars de Russie, du roi de Grèce, des Rotschild… Il décèle immédiatement le talent de son jeune apprenti (Paul n’a alors que 14 ans) et lui transmet son savoir. De ce passage à Ribeauvillé, il reste, aujourd’hui encore, quelques traces sur la carte du restaurant avec des recettes qui ont jadis fait les délices de la table du Tsar. Après avoir terminé son apprentissage dans deux grandes maisons parisiennes, Paul rejoint les cuisines de l’auberge familiale.

    Malheureusement, la guerre éclate. Paul, mobilisé, est réformé puis rejoint les Forces Françaises Libres. Peu après, son frère Jean-Pierre est incorporé de forces dans l’armée allemande. En 1945, le pont à côté duquel se dresse l’Arbre vert est bombardé et l’auberge complètement détruite.
    Dès la fin des hostilités, les deux frères reconstruisent l’auberge, Paul prend la direction de la cuisine, Jean-Pierre (qui a conçu le superbe jardin en bord de l’Ill), celle de la salle. Et à nouvelle auberge, nouveau nom : l’Arbre vert devient l’Auberge de l’Ill ! Les résultats ne se font pas attendre et, dès 1952, le guide Michelin lui décerne sa première étoile. Cinq ans plus tard, l’Auberge gravit un nouvel échelon avec sa seconde étoile. Il faudra attendre 1967 pour la consécration, le graal culinaire, la troisième étoile.

    Avec ses trois étoiles, détenues sans discontinuité depuis quarante-cinq ans, l’Auberge de l’Ill est le deuxième plus ancien “triple étoilé“ au monde, juste derrière l’indéracinable Bocuse qui avait obtenu les siennes deux ans plus tôt.
    Malgré sa place très enviée parmi les premières tables au monde, l’Auberge de l’Ill est avant tout une entreprise familiale, au sens large du terme. Il y a, bien sûr, la famille Haeberlin, toujours aux commandes, mais aussi un personnel fidèle depuis de nombreuses années : d’un chef de cuisine (premier apprenti de Paul Haeberlin) là depuis 1954, au sommelier présent depuis 1972 (et élu meilleur sommelier du monde en  1989), en passant par le premier maître d’hôtel arrivé en 1967 (l’année de la troisième étoile) et jusqu’au plongeur auquel Marc Haeberlin rend hommage dans la préface de son livre “L’Alsace gourmande“ !

    Le secret de cette réussite ? La lucidité et la remise en question permanente comme le démontre cette réflexion de Marc Haeberlin : «Tout doit mériter trois étoiles : l’accueil, le jardin, le courrier. Lorsque je reviens à l’Auberge après une visite chez un collègue ou un ami restaurateur, je n’y trouve que des défauts et je sens qu’il nous reste beaucoup de chemin à parcourir. Mais je sais aussi que si tout était parfait, ce serait les prémisses du déclin.».

    Marc Haeberlin est également le Président de l’association “Les Grandes Tables du Monde - Traditions et Qualité“ qui regroupe 149 restaurants dans 22 pays avec des chefs comme Alain Ducasse, Alain Dutournier, Georges Blanc, Guy Savoy, Régis Marcon, Michel Roth, Marc Meneau, Éric Frechon, Guy Martin, Jacques et Laurent Pourcel, Yannick Alléno, Gérald Passédat, Frédéric Anton, Michel Guérard, Anne-Sophie Pic, Michel Troisgros, Michel Trama, Paul Bocuse, Pierre Gagnaire, Alain Senderens… pour ne citer que quelques Français, mais aussi Heston Blumenthal, dont le “Fat Duck“ a été distingué comme “meilleur restaurant du monde“ en 2005 ou encore Hubert Keller, l’un des chefs-stars aux Etats-Unis… originaire de Ribeauvillé et formé à l’Auberge de l’Ill !

    Hommage en forme de clin d’oeil à l’ami de toujours, l’adresse de l’Auberge : rue de Collonges au Mont d’Or. Un autre village connu dans le monde entier pour une raison similaire puisque c’est là qu’oeuvre Paul Bocuse.

    En 2004, Marc Haeberlin s’est vu remettre le prestigieux prix international Eckart Witzigmann dans la catégorie “Haute cuisine“.

     

    Le site de l'Auberge de l'Ill

    L'autre Auberge de l'Ill, à Nagoya, au Japon !