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  • Ernest Wertheimer

    Wertheimer.JPGErnest Wertheimer est né le 13 septembre 1852 à Obernai.
    Son grand-père, Lehmann Wertheimer, fils d’un boucher d’Ottrott, était un important marchand de bestiaux et présidait la commission administrative de la communauté juive d’Obernai.
    Son père, Jacques dirige l’usine de textile Mohler, forte de plusieurs centaines d’ouvriers, qui produit des étoffes (cravates, nappes, rideaux…) vendues dans toute la France et même à l’exportation. Ses trois fils, Emile, Julien et Ernest, travaillent à ses côtés. Lorsque, après l’annexion, ils doivent choisir entre rester en Alsace et devenir Allemand ou opter pour la nationalité française et quitter la région, l’aîné, Emile, décide de rester auprès de ses parents. Ses deux frères font le choix de la France.

    Ernest à alors 19 ans. Il fait son service militaire au 73e Régiment d’Infanterie de ligne à Alger, puis, en 1874, s’installe à Paris. Là, il entre chez un fabriquant de cravates, Dreyfus et Kaufmann, dont il deviendra associé.
    En 1892, il crée sa propre entreprise. Quelques années plus tard, il fait une rencontre décisive, celle d’un voisin qu’il croise régulièrement, Emile Osordi.

    Les origines d'une grande entreprise

    En 1862, Joseph-Albert Ponsin, un comédien, dépose le brevet d’une pâte pour la blanchir la peau destinée aux comédiens. Pour superviser sa production, il engage un contremaître, Alexandre-Napoléon Bourjois, qui rachète l’entreprise en 1868 et développe un marché relativement restreint en élargissant sa gamme et en ciblant une clientèle féminine. Il crée notamment la poudre de riz Java qui connaîtra un grand succès. En 1890, il s’associe avec Emile Osordi qui apporte les fonds nécessaires à ce développement. La société A. Bourjois & Cie est créée. Après le décès prématuré de Bourgeois, Osordi travaille quelque temps avec ses héritiers puis rachète leurs parts. A son tour, il cherche un investisseur. Ce sera Wertheimer ! En 1898, Ernest Wertheimer prend 50% des parts et la direction de la société qui devient E. Wertheimer & Cie.

    En 1909, Ernest Wertheimer est fait chevalier de la Légion d’Honneur. Ses fils, Paul (né en 1883) et Pierre (1888) travaillent à ses côtés.
    En 1910, Bourjois Inc. est créée aux Etats-Unis.
    En 1921, après le décès d’Osordi, la société change de nom est devient E. Wertheimer & fils, puis, en 1923, Wertheimer Frères.

    Ernest Wertheimer décède le 14 octobre 1927 à Paris.

    Les débuts d'une success story

    Ernest Wertheimer fréquente d’autres expatriés alsaciens, parmi lesquels Théophile Bader qui vient de fonder les Galeries Lafayette et qu’il connaît de longue date : leurs grands-parents, marchands de bestiaux à Obernai pour le premier, à Dambach-la-Ville pour le second, se fréquentaient déjà ! Bader possède les immeubles des 38, 40 et 42 boulevard Haussmann et du 15 de la rue de la Chaussée d’Antin. Pour se développer, il souhaite acquérir le 23 rue de la Chaussée d’Antin. Wertheimer et Osordi lui accordent un prêt de 800 000 francs en 1909, prêt avec lequel Bader va pouvoir donner forme à son projet : le magasin, conçu par Georges Chedanne et Ferdinand Chanut -à l’origine de la coupole-, prend la forme que nous connaissons aujourd’hui. Et les produits Boujois figurent en bonne place !

    En août 1923, à Deauville, Théophile Bader présente une couturière en vogue à Ernest Wertheimer. Il la connaît depuis longtemps : sa première boutique était située rue Cambon et c’est aux Galeries Lafayette qu’elle achetait les formes pour créer ses chapeaux. Elle vient de passer commande d’un parfum et, parmi les échantillons présentés, elle a choisi le cinquième. Elle l’a donc, tout simplement, baptisé “n°5“. Elle s’appelle Gabrielle Chanel, on la surnomme Coco et, depuis une dizaine d’années, elle révolutionne la mode féminine. Wertheimer, propriétaire des produits de beauté “Bourjois“, est l’homme idéal pour en assurer la production et la commercialisation. Il prend donc 70% du capital de la nouvelle société des Parfums Chanel, 20% allant à Bader et les 10% restant à Chanel. Celle-ci, sous l'occupation, tentera de profiter des lois raciales pour en prendre le contrôle.

    En 1954, Pierre Wertheimer prend le contrôle de la maison de couture Chanel. Ses arrière-petits-fils (les enfants de Jacques, fils unique de Pierre) sont toujours copropriétaires de la maison de couture et des cosmétiques Bourjois.

  • John Pershing, petit-fils d'Alsacien

    Pershing.jpgPershing, un nom qui pour les gens de ma génération évoque d’abord les fameux missiles déployés durant la guerre froide pour “protéger” l’Europe. Mais ce nom leur vient d’un célèbre général américain, John Pershing.

    John Pershing est né le 13 septembre 1860 à Laclede (Missouri) dans une famille originaire d’Alsace. C’est son grand-père, Frederick Pfoerschin (ou plus exactement Friedrich Pförsching, comme cela figure sur la liste des passagers du ”Jacob”, à bord duquel il est arrivé) qui avait émigré aux Etats-Unis en 1749.
    Petit problème de date : la plupart des biographies donnent 1724 comme date d’arrivée en Amérique, y compris le très sérieux New York Times qui, au lendemain du décès du général publiait sa nécrologie : «The first Pershing in America was Frederick Pfoerschin, who emigrated to the United States from his home near the Rhine in Alsace in 1724. The family name in time changed to Pershin, the to Pershing». (Le premier Pershing venu s’installer en Amérique était Frederick Pfoerschin, venu des bords du Rhin, en Alsace, en 1724. Le nom de famille s’est alors modifié en Pershin puis est devenu Pershing).
    Pour ceux qui se sont penchés sur sa généalogie, 1724 est l’année de naissance de Friedrich Pförsching qui ne serait arrivé aux Etats Unis qu'en 1749 : «Frederick Pfoerschin migrated to the United States from the French province of Alsace, landing in Philadelphia on October 2, 1749. Frederick Pershing, a Lutheran who spoke both French and German, came over as a “redemptioner” on the sailing ship Jacob, indentured to the ship’s captain until he had worked out his passage over. «Service in redemption,» as his great-grandson wrote after research into the family history, «was based upon a contract or indenture entered into between the captain of the ship and the passenger by which the latter agreed for a certain period after his arrival in America to render whatever lawful service or employment the captain or his assigns might exact.» Once that obligation was settled, Frederick Pershing moved to Westmoreland County, Pennsylvania, married Maria Elizabeth Weygandt and worked a farm to the end of his days.» (Friedrich Pförsching débarque à Philadelphie le 2 octobre 1749. C’était un luthérien qui parlait allemand et français. Il avait effectué la traversée à bord du “Jacob” sous une forme assez répandue : un temps de service contre le voyage. Une fois déchargé de ses obligations, il s’installe dans le comté de Westmoreland en Pennsylvanie, épouse Maria Elizabeth Weygandt (d’origine allemande) le 29 avril 1750 et tient une ferme jusqu’à son décès en 1794.)

    L’origine étant établie, revenons au général.
    John Pershing fait ses études à l’Académie militaire de West Point. A sa sortie, il est affecté au 6e de cavalerie (1887-1890) avec lequel il participe à la campagne contre le chef apache Géronimo puis contre les Sioux. Après avoir été un temps instructeur, il est promu (en 1892) premier lieutenant à la tête d’une compagnie du 10e de cavalerie (l’un des régiments des célèbres “Buffalo Soldier”, composé d’afro-américains sous commandement d’officiers blancs).
    En 1897, il est nommé instructeur à West Point avant de rejoindre son unité et de prendre part à la guerre hispano-américaine au cours laquelle son comportement lui vaudra une citation. Au cours de la campagne des Philippines, il gagne ses galons de capitaine. Après un séjour à Tokyo comme attaché militaire, il est promu général de brigade, en 1906, et affecté aux Philippines. En 1908, il est envoyé à Paris comme observateur : il y restera deux mois. En 1913, il participe à la campagne du Mexique.
    A cette époque, les Etats-Unis n’ont pas de véritable armée : aux côtés de quelques régiments (environs 250 000) hommes, il existe la Garde Nationale, des compagnie de volontaires…
    En 1917, Pershing est nommé à la tête du corps expéditionnaire qui embarque pour l’Europe, 14.000 hommes en tout. Peu de temps après son arrivée en France, il se rend sur la tombe de Lafayette à l’occasion de la fête nationale américaine : on lui attribuera la phrase « Lafayette, nous voici ! », prononcée, en réalité, par son adjoint ! Pendant ce temps, l’armée américaine se structure et, à la fin du conflit, ce seront près de 1.800.000 soldats américains qui se battront sur le front européen.

    Le 12 septembre 1918, Pershing, à la tête de 300.000 hommes de son corps expéditionnaire et appuyé par 110.000 Français, engage l’offensive à Saint-Mihiel dans la Meuse. Quatre jours plus tard, ses troupes remportent la victoire, la première de la nouvelle armée américaine dans une opération totalement dirigée par les États-Unis. Pershing dédie cette victoire à l’Alsace, formant le vœu que celle-ci revienne rapidement à la France !
    Sous son commandement, les troupes américaines prendront encore part à l’offensive en Argonne.

    Après la guerre, Pershing se consacre à la création d’une véritable armée américaine et, en 1919, est nommé General of the Armies par le Congrès, un titre qui n’avait été décerné qu’à George Washington à titre posthume.
    Il reste, à ce jour, l’officier le plus haut gradé ayant servi dans l’armée des États-Unis.

    Il meurt le 15 juillet 1948 à Washingthon et est enterré au cimetière militaire d’Arlington.

  • Joseph Rey, le maire qui réveilla Colmar

    C’est l’une des personnalités marquantes de Colmar dont il fut maire de 1947 à 1977. Joseph Rey est né 10 septembre 1899 dans le quartier du Grillenbreit à Colmar.

    Rey.jpgSon père, ouvrier dans une manufacture de tissage à Colmar, est mobilisé dans l’armée allemande en 1914 (il sera tué sur le front de Champagne en 1918). Après ses études primaires, Joseph Rey devient apprenti-comptable puis sera, à son tour, mobilisé en 1918. Il déserte et regagne Colmar après l’Armistice. Il travaille alors comme aide-comptable à l’Elsaesser Kurier (Le Courrier d’Alsace, organe du parti catholique alsacien, l’Union Populaire Républicaine d’Alsace) avec une brève interruption de décembre 1920 à juin 1921, lorsqu’il est incorporé au 506ème Régiment de chars à Besançon. En 1925, il entre comme comptable à la savonnerie Thomas à Colmar, entreprise dont il deviendra le gérant en 1927, après le décès de son patron. 

    Parallèlement, Joseph Rey, qui avait suivi des cours de musique et pratiquait le violon, devient directeur de l’harmonie Saint-Martin de Colmar en 1922.

    Dans un premier temps, politiquement proche de l’aile nationale de l’UPR, puis de l’Action Populaire Nationale d’Alsace (fondée en novembre 1928 par des dissidents de l’UPR hostiles à l’alliance avec les partis autonomistes), il se rapproche peu à peu du mouvement royaliste et finit par adhérer à l’Action Française à la veille de la deuxième guerre mondiale. 

    Quand l’armée allemande entre à Colmar, le 17 juin 1940, il cesse toute activité associative, refusant de collaborer avec l’occupant. Il rejoint un réseau de résistants qui fait passer des prisonniers évadés de l’autre côté des Vosges, mais il est arrêté par la Gestapo le 1er avril 1942. Il est condamné successivement à un puis trois ans de prison en 1943 et incarcéré au camp de redressement de Schirmeck, à la prison de Kehl et enfin à celle de Fribourg-en-Brisgau où il noue des liens d’amitié avec des prisonniers politiques allemands dont la plupart, par la suite, occuperont des postes à responsabilité. Il est libéré le 25 avril 1945 par l’avancée des troupes de la 1ère Armée française.

    De retour à Colmar, il est nommé membre du Comité départemental de la Libération et reprend ses activités à la tête de la savonnerie. Le 23 septembre 1945, il entre au Conseil municipal provisoire et, le même jour, est élu conseiller général du canton de Colmar Sud. De 1953 à 1982, il sera vice-président du Conseil général du Haut-Rhin.

    Le 25 octobre 1947, il est élu Maire de Colmar.

    Le 2 janvier 1956, il est élu député du Haut-Rhin sur une liste MRP (parti auquel il a adhéré à la Libération). Aux élections législatives de 1958, bien qu’arrivé en tête au premier tour avec 45 % des suffrages, il est battu par Edmond Borocco (UNR).

    De 1973 à 1983, il siège également au Conseil régional d’Alsace.

    Le 2 décembre 1977, il démissionne de son mandat de Maire au profit de son premier adjoint Edmond Gerrer. En 1982, il décide de ne pas se représenter aux élections cantonales.

    Il décède à Colmar le 26 juillet 1990.

    C'est sous l'impulsion de Joseph Rey que Colmar allait connaître un formidable essor. Durant ses mandats successifs, la ville s’est transformée avec la construction de nouveaux quartiers à l’ouest de la ville, la création de la zone industrielle, du port et de l’aérodrome et, surtout, l’ambitieux programme de restauration du centre-ville. Ce vaste chantier, l’un des premiers de ce type en France, sera à l’origine de la vocation touristique de Colmar.

    Joseph Rey a également ouvert Colmar sur l’extérieur en nouant des liens avec les villes de Schongau (Allemagne), Lucca (Italie), Sint-Niklaas (Belgique) et Hyde (Royaume Uni). Fait unique, toutes ces villes sont jumelées entre elles. Son action internationale lui vaudra le prix Hebel (Hebeldankpreis), la médaille d’or du Bade-Wurtemberg, la médaille d’honneur de la ville de Fribourg en Brisgau et le prix Mozart de la Fondation Goethe de Bâle. L’Institut des arts et traditions populaires d’Alsace lui décerne le Grand Bretzel d’or en 1987.
    Il était Croix de guerre 1939-1945, Médaille de la Résistance, Officier de la Légion d’honneur, Commandeur de l’Ordre national du Mérite, Chevalier du Mérite agricole, Palmes académiques, Médaille d’honneur départementale et communale en or, Grand Croix de l’Ordre du Mérite de la République fédérale allemande, Chevalier dans l’Ordre du Mérite de la République italienne.