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Théophile Bader, fondateur des Galeries Lafayette

Bader.jpgThéophile Bader est né le 24 avril 1864 à Dambach-la-Ville dans une famille de petits commerçants juifs. En 1870, ses parents, profondément attachés à la France, le place comme interne au lycée de Belfort. C’est un élève brillant, particulièrement doué en mathématiques, qui obtient tous les prix de sa classe. Il poursuit des études universitaires à Paris, puis se lance dans les affaires.

Le 13 décembre 1893, avec son cousin Alphonse Kahn, Théophile Bader ouvre un magasin de nouveautés dans une petite mercerie (70m2) située à l’angle de la rue La Fayette et de la rue de la Chaussée d’Antin. L’emplacement, à proximité de l’Opéra, des grands boulevards et de la toute nouvelle gare Saint-Lazare, est idéal. La configuration du magasin (la circulation s’effectue dans des allées entre les rayons) et son emplacement vont lui donner son nom, “Galeries Lafayette“. Le succès est immédiat et l’agrandissement devient nécessaire. C’est ainsi qu’en 1896, la société achète la totalité de l’immeuble du 1 rue La Fayette puis, en 1905, des immeubles du boulevard Haussmann (les 38, 40 et 42) et de la rue de la Chaussée d’Antin (le 15).
En 1909, un autre Alsacien, que Bader connaît bien, Ernest Wertheimer (originaire d’Obernai) qui est à la tête des “Cosmétiques Bourjois“, lui accorde un prêt pour l'acquisition du 23 de la rue de la Chaussée d'Antin.

Théophile Bader confie l’agencement de ce vaste ensemble à un célèbre architecte de l’époque (un prix de Rome) Georges Chedanne, puis à l’élève de celui-ci, Ferdinand Chanut, qui crée la fameuse coupole. Le concept voulu par Bader est un “bazar de grand luxe dont l’abondance et le luxe des marchandises tourneraient la tête aux clientes“.

Le nouveau magasin est inauguré en d’octobre 1912. Il se distingue par le raffinement de son intérieur avec ses balcons et sa coupole de style byzantin constituée de dix faisceaux de vitraux peints, enserrés dans une armature métallique richement sculptée de motifs floraux. Et c’est Louis Majorelle qui conçoit les balustres des étages inférieurs et la rampe d’escalier. Sur 5 étages, ce sont 96 rayons qui présentent leurs nouveautés. On y trouve aussi un salon de thé, une bibliothèque, un salon de coiffure et une terrasse qui offre une vue unique sur Paris et sa nouvelle Tour Eiffel. Une grande importance est accordée aux vitrines qui doivent éveiller toutes les envies et tous les désirs.

Bader est un visionnaire : lorsque la Société anonyme des Galeries Lafayette est créée le 1er septembre 1899, elle possède déjà ses propres ateliers de fabrication et de confection (Société Parisienne de Confection). Il crée également une crèche pour les enfants des employées, une caisse de secours (1899) et une caisse de retraite (1909). Il est l’un des premiers à vendre, dans son grand magasin, du prêt-à-porter, copie de modèles haute-couture. Sur la façade de la rue La Fayette, il fait poser un calicot : “Les Galeries Lafayette, maison vendant le meilleur marché de tout Paris“. Il diversifie aussi son offre en ajoutant de nouveaux rayons comme la confection pour homme, l’ameublement, les jouets, les arts de la table…

En 1932, il créé une chaîne de magasins de moyenne surface proposant des produits utilitaires et de consommation courante à des prix très bas. Le premier “Monoprix“ ouvre à Rouen. En 1939, il y en aura 23 dans toute la France.

En 1935, suite à une grave maladie, Théophile Bader délègue la direction effective des Galeries et de toutes leurs succursales à ses deux gendres, Raoul Meyer et Max Heilbronn.

En 1940, victime de la politique d’arayanisation Théophile Bader, Raoul Meyer, Max Heilbronn, les administrateurs du magasin ainsi que 129 employés juifs sont contraints de démissionner. Les familles Bader, Meyer et Heilbronn sont dépossédées de leurs biens. Raoul Meyer et Max Heilbronn rejoignent la Résistance. Heilbronn, auteur du plan de destruction des installations ferroviaires au moment du débarquement allié en France, sera arrêté en 1944 et déporté au Struthof, puis à Buchenwald.

Théophile Bader meurt le 16 mars 1942 à Paris.

Le 20 septembre 1944, les Galeries Lafayette sont rendues à Raoul Meyer (qui a activement participé à la libération de Paris). Il sera rejoint à leur tête par Max Heilbronn, rentré de Buchenwald en avril 1945.

Aujourd’hui, la présidence du directoire du Groupe Galeries Lafayette est assurée par Ginette Moulin, fille de Max Heilbronn et donc petite-fille de Théophile Bader.

 

Théophile Bader n’a jamais oublié ses origines : en 1930, il fournit gratuitement des tissus pour le renouvellement des uniformes de la fanfare municipale de Dambach et en 1937, il invite, à ses frais, les musiciens à Paris.

 

En août 1923, à Deauville, Théophile Bader présente une couturière en vogue à Ernest Wertheimer. Il la connaît depuis longtemps : sa première boutique était située rue Cambon et c’est aux Galeries Lafayette qu’elle achetait les formes pour créer ses chapeaux. Elle vient de passer commande d’un parfum et, parmi les échantillons présentés, elle a choisi le cinquième. Elle l’a donc, tout simplement, baptisé “n°5“. Elle s’appelle Gabrielle Chanel, on la surnomme Coco et depuis une dizaine d'années, elle révolutionne la mode féminine. Wertheimer, propriétaire des produits de beauté “Bourjois“ est l’homme idéal pour en assurer la production et la commercialisation. Il prend donc 70% du capital de la nouvelle société des Parfums Chanel.

Commentaires

  • recherche renseignements sur la societe parisienne de confection sis rue de provence entre 1918 et 1928 qui emplouait 200 ouvrieres dirigees par jules loirette merci

  • Toujours aussi intéressant !
    Merci pour tout votre travail, qui passionne vos lecteurs.
    Et bravo pour votre attachement à notre patrie, l'Alsace,
    que nous sommes nombreux, dont moi en particulier,
    à partager !

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