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D'r Elsass blog fum Ernest-Emile - Page 106

  • Une intégration exemplaire

    L’Alsace a toujours été une terre de passage et d’immigration, surtout à une époque où la notion de frontière était beaucoup plus floue qu’aujourd’hui. Mais c’est durant la période allemande qu’a eu lieu la première vague l’immigration telle que nous l’entendons aujourd’hui : de grands chantiers de construction de casernes sont alors ouverts et de nombreux Italiens arrivent alors (essentiellement dans le Haut-Rhin) pour y travailler. Une fois les chantiers achevés, ils seront plusieurs centaines à se faire embaucher aux Mines de Potasse qui viennent juste d’être créées. La construction des cités va également attirer de nombreux maçons. Lorsqu’éclate la première guerre mondiale, la plupart d’entre eux retournent en Italie pour se battre. Mais dès la fin des hostilités, en 1918, ils reviennent en Alsace. 

    Ils formeront une communauté qui a certainement contribué à attirer la seconde vague d’immigration, plus importante, de 1946 à 1950.

    Fait remarquable, ces immigrés, qui bien évidemment ne parlaient pas le français, réussiront a s’intégrer en apprenant la langue locale ! Je connais ainsi, personnellement, plusieurs exemples de personnes ne parlant que leur langue maternelle et l’alsacien ! Ils seront également nombreux à créer leur propre entreprise dans le domaine du bâtiment.

    Et en parlant d'Italiens, comment ne pas évoquer Ettore Bugatti, certainement le plus connu d'entre eux.

    Ce jour de “Festa della Repubblica“, la fête nationale italienne (qui prend un caractère particulier cette année avec la célébration du cent-cinquantième anniversaire de l’unité italienne), me semblait tout indiqué pour évoquer l’intégration parfaitement réussie d’une communauté étrangère dont beaucoup de membres se sentent aujourd’hui beaucoup plus profondément Alsaciens que d’autres qui le sont pourtant depuis des générations.

  • Unterlinden, le musée fait peau neuve

    C’est une image que la presse régionale met traditionnellement à la une en ce Vendredi-Saint. La crucifixion, le premier tableau du célèbre retable d’Issenheim avec, sur la prédelle, la mise au tombeau.

     

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    Le chef-d’œuvre de Grunewald attire chaque année près de 360 000 visiteurs au Musée d’Unterlinden, un musée qui doublera de superficie d’ici 2013 et espère atteindre les 500 000 visiteurs.

    Le musée bénéficie d’un cadre superbe, l’ancien couvent des Dominicaines, pendant du couvent des Dominicains abritant la bibliothèque municipale, à quelques pas de là. Mais le lieu même interdit toute nouvelle extension (la surface d’exposition avait déjà été augmentée par la réalisation de salles en sous-sol, salles accueillant la collection d’art contemporain et des expositions temporaires). Pourtant le fond existe avec, entre autres, les legs Person (146 œuvres représentatives de l’art français des années 1940  à 1960 dont 35 de Dubuffet) et Wardi (124 œuvres de Joe Downing).

    Le bâtiment des anciens bains municipaux, de l’autre côté de la place, offre aujourd’hui l’opportunité de réaliser cette extension. Une galerie, large de 7 mètres et passant sous la place, reliera les deux ensembles.

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    A l’arrière de l’ancienne piscine, un nouveau bâtiment de trois étages, fera le pendant avec la chapelle qui abrite le retable.

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     La place, elle aussi, changera d’aspect avec la réouverture du canal de la Sinne (aujourd’hui couvert). L’affreux petit office du tourisme disparaîtra pour laisser la place à une petite maison contemporaine qui “ancrera le musée sur la place Unterliden, un peu à la manière de la Pyramide du Louvre“.

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    Gage de qualité, le projet retenu est celui du cabinet Herzog et de Meuron (des voisins, le siège est à Bâle) auquel on doit, entre autres, le stade national de Beijing (le fameux “nid d’oiseau“), le San Francisco De Young Museum, le Walker Art Center à Minneapolis et le Tate Modern Museum à Londres.

    Un beau projet à en croire ces maquettes réalisées par le cabinet d'architectes et un vrai pari sur la culture de la part de la municipalité (avec un investissement de près de 25 millions d'euros pour la seule extension). Mais avec plus de deux millions de touristes par an le potentiel existe déjà. Gageons que le nouveau musée connaîtra très vite le succès qu'il mérite.

  • Vendredi-Saint en Alsace

    Vendredi-Saint, jour férié en Alsace (comme le lendemain de Noël). Héritage du passé allemand de la région, auquel nous devons également le droit local.

    C’est du moins ce qu’affirment la plupart des Alsaciens.
    Et cette affirmation provoque les hauts cris de quelques historiens et intellectuels qui soutiennent avec force que cela n’a rien à voir avec l’annexion, mais que cette situation particulière est due au concordat.

    Un point partout, balle au centre et je renvoie les deux parties dans leur camp respectif !
    Chacun détient une partie de la vérité.

    Reprenons depuis le début.

    Le 26 messidor an IX (15 juillet 1801) à minuit, Joseph Bonaparte (frère et représentant du Premier consul) et Emmanuel Crétet (conseiller d’état) pour la France et le cardinal Consalvi (secrétaire d’État) pour le pape, signent le concordat organisant les rapport entre l’Eglise catholique et la France. Un mois plus tard, le 15 août 1801, Pie VII ratifie le texte par sa bulle “Ecclesia Christi“.

    Pour faire simple, l’église catholique, divisée depuis la révolution entre un clergé réfractaire et un clergé constitutionnel, est officiellement réunifiée. En échange de l’abandon des biens ecclésiastiques (vendus sous la Révolution), le gouvernement assure la rémunération des évêques et prêtres qui prêtent serment au gouvernement. Ils ont également l’obligation de faire réciter, à la fin de la messe, la Prière pour la République, “Domine salvam fac Rempublicam“.

    Le 18 germinal an X (8 avril 1802), les articles organiques qui régissent les cultes sont étendus aux religions protestantes, luthérienne et réformée, puis, le 17 mars 1808, au culte israélite.
    Il en sera ainsi jusqu’au 31 décembre 1905, quand la loi de séparation des Eglises et de l’Etat (adoptée le 9 septembre 1905 à l’initiative du député socialiste Aristide Briand) y mettra un terme.

    Mais, en 1905, l’Alsace et la Moselle font partie de l’Empire allemand et ne sont donc pas concernées par cette loi.

    L’article 6 du Traité de Francfort, signé le 10 mai 1871 et officialisant l’annexion de ces deux territoires, rompait clairement les liens entre les Eglises et la France :
    «Les hautes parties contractantes étant d’avis que les circonscriptions diocésaines des territoires cédés à l’Empire allemand doivent coïncider avec la nouvelle frontière déterminée par l’article 1 ci-dessus, se concerteront après la ratification du présent traité, sans retard, sur les mesures à prendre en commun à cet effet.
    Les communautés appartenant, soit à l’Eglise réformée, soit à la confession d’Augsbourg, établies sur les territoires cédés par la France, cesseront de relever du consistoire supérieur et du directeur siégeant à Strasbourg.
    Les communautés israélites des territoires situés à l’est de la nouvelle frontière cesseront de dépendre du consistoire central israélite siégeant à Paris

    Lors de la réintégration des trois départements dans la République Française, en 1919, les partis de gauche militèrent pour un alignement sur le droit français, mais les Alsaciens et les Mosellans, très attachés à cette spécificité (qui, pour nombre d’entre eux, faisait partie du droit local) obtinrent son maintien, confirmé par un avis du Conseil d’État du 24 janvier 1925.

    Si, aujourd’hui encore, ce statut particulier existe dans notre région, et bien qu’il soit issu directement du Concordat de 1801, il résulte de l’annexion de 1871 : si l’Alsace et la Moselle étaient restées françaises, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat se serait appliquée sur leur territoire. L’assimilation du Concordat au droit local, si elle est historiquement fausse, est donc parfaitement compréhensible.