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  • Pierre Pflimlin

    5 février 1907 : Naissance à Roubaix de Pierre Pflimlin. Une “naissance accidentelle“ comme la qualifiait Germain Muller.

    Pflimlin.jpgCar Pierre Pflimlin est bel et bien alsacien : son père, Jules, est né le 3 février 1875 à Mulhouse, dans une famille originaire de Steinbrunn-le-bas et sa mère, Léonie Schwartz est née à Altkirch, le 25 juillet 1881. La naissance de Pierre Pflimlin en dehors des frontières régionales n’est, en fait, qu’un dégât collatéral de la nomination de son père à la tête d’une filature à Roubaix.

    Sa mère décède une semaine après sa naissance et c’est en Alsace que l’enfant sera élevé, à Altkirch pendant ses trois premières années, puis à Hirsingue pendant un an et enfin à Mulhouse, où il arrive en 1912. L’Alsace est alors allemande, et c’est donc en allemand qu’il commence sa scolarité, avant de faire ses études supérieures à l’Institut catholique de Paris, puis à l’Université de Strasbourg. En 1929, il obtient son doctorat de droit et, en 1933, il s’inscrit au barreau de Strasbourg.

    En 1940, il est mobilisé, fait prisonnier et libéré après six mois de captivité.

    En 1941, il passe en zone libre et abandonne le barreau pour la magistrature. Il devient juge d’instruction à Thonon-les-Bains. Début 1945, il est nommé commissaire du Gouvernement auprès de la Cour de justice de Moselle. A Metz, il fait la connaissance de Robert Schuman, une rencontre qui décidera de son adhésion au MRP.

    De retour à Strasbourg, il reprend la robe d’avocat et est élu conseiller municipal, puis député de l’Assemblée Constituante. Il ne siégera pas longtemps car, en février 1946, il est nommé sous-secrétaire d’Etat à la santé publique. A partir de là, les fonctions ministérielles s’enchaîneront  :

    1946 : Sous-secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Santé et de la Population puis Sous-secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie nationale 

    de 1947 à 1951, il est ministre de l’Agriculture dans 8 gouvernements différents

    1951 - 1952 : ministre du Commerce et des Relations économiques extérieures

    1952 : Ministre d’État, chargé du Conseil de l’Europe puis ministre de la France d’outre-mer

    1956 : ministre des Finances et des Affaires économiques

    1957  : ministre des Finances, des Affaires économiques et du Plan

    du 13 mai au 1er juin 1958 : président du Conseil

    du 1er juin 1958 au 8 janvier 1959 : ministre d’État

    1962 : ministre d’État, chargé de la Coopération

    Au plan local, il est député du Bas-Rhin (1946-1971), Maire de Strasbourg (1959-1983), Président du Conseil général du Bas-Rhin (1951-1976) et Conseiller Régional (1973-1983).

    En 1958, en tant que député, il participe à l’élaboration de la Constitution de la Vème république et est à l’origine de l’article 49.3

    Au plan européen, il propose, dès 1950 une organisation européenne des marchés agricoles.

    De 1959 à 1967, il est représentant de la France à l’Assemblée du Conseil de l’Europe et du Parlement européen

    De 1979 de 1989, il est député européen

    De 1984 à 1987, il est Président du Parlement européen

    Il met un terme à sa carrière politique au terme de ce dernier mandat.

    Il décède le 27 juin 2000 à Strasbourg.

  • Baron Georges-Charles de Heeckeren d’Anthès

    Personnalité peu connue en Alsace, en-dehors de Soultz où se trouve le château d’Anthès (aujourd’hui un hôtel), le baron Georges-Charles de Heeckeren d’Anthès est certainement l’un des Français les plus connus en Russie !

    D'Anthès.jpgIl est né le 5 février 1812 à Colmar où la famille possédait un hôtel particulier. Son grand père, Jean-Henri Anthès, avait créé une manufacture royale de fer-blanc, puis la manufacture royale d’armes blanches de Klingenthal. Anobli par Louis XV en 1731, il acquiert les seigneuries de Blotzheim et Brinckheim. En remerciement des nombreux services rendus à la commune de Soultz, celle-ci réquisitionna le château lors de la Révolution, empêchant ainsi sa vente. La famille, qui avait émigré, ne rentra en France qu’à l’avènement de l’Empire.

    Georges-Charles est admis à Saint-Cyr en 1829. En 1930, il fait partie du détachement de l’Ecole Militaire qui soutient Charles X. Après l’exil de celui-ci, et fidèle à ses principes, il refuse de servir la Monarchie de Juillet et rentre en Alsace.

    Après la mort de sa mère, il décide de reprendre du service, mais à l’étranger. Il se rend à Saint-Petersbourg après avoir obtenu du gouvernement l’autorisation de servir dans une armée étrangère sans perdre sa nationalité. Grâce à l’appui de l’oncle de sa mère, le prince de Hatzfeld (mais en tenant quand même à passer un examen), il entre dans le régiment des Chevaliers Gardes de l’Impératrice en tant que sous-lieutenant. Deux ans plus tard, il est nommé lieutenant, puis rejoint l’armée du Caucase.

    Fréquentant les salons de Saint-Petersbourg, il rencontre Jacob Burchard van Heeckeren, ambassadeur des Pays-Bas. Heeckeren avait servi la France sous Napoléon, qui l’avait fait baron d’Empire. Sans héritier, et ne voulant pas voir s’éteindre son nom, il propose à Joseph Conrad d’Anthès, le père de Georges-Charles, d’adopter son fils et d’en faire son héritier. Après avoir obtenu l’accord de Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, le 5 mai 1836, Georges-Charles devient baron de Heeckeren d’Anthès.

    Dans ces mêmes salons, Georges-Charles rencontre Natalia Gontcharova, l’épouse de Pouchkine, à laquelle il fait une cour pressante. Pouchkine l’apprend et le menace verbalement. Le 10 janvier 1837, Georges-Charles épouse Ekaterina Gontcharova, la soeur de Natalia. Certains y voient une manoeuvre pour écarter les soupçons de Pouchkine et les relations entre les deux hommes s’enveniment. C’est une lettre injurieuse, envoyée par Pouchkine, qui allait déclencher l’affaire qui rendit d’Anthès célèbre en Russie.

    Pouchkine ayant refusé de retirer ses propos injurieux, un duel fut décidé. Celui-ci eut lieu le 8 février 1837 (27 janvier d’après le calendrier julien en usage en Russie) à Novoï-Drevna, à 4 kilomètres de Saint-Pétersbourg. D’Anthès, l’insulté, tira le premier et atteignit Pouchkine à l’estomac. Ce dernier, qui n’en était pas à son premier duel, put tirer à son tour et blessa son adversaire au bras droit. Pouchkine décéda deux jours plus tard des suites de sa blessure.

    Arrêté après le décès de Pouchkine, Georges-Charles passa en jugement, mais fut gracié par l’empereur compte tenu de la gravité des injures de Pouchkine. Il fut néanmoins jugé indésirable en Russie et reconduit à la frontière. Dans un premier temps, il gagne Berlin, où sa femme le rejoint, avant de rentrer à Soultz.

    Conseiller général en 1842 (il présidera le Conseil en 1861), il est élu en 1848 à l’Assemblée Constituante, puis à l’Assemblée législative en 1849, avant d’être nommé sénateur par Napoléon III en 1852 (à 40 ans, il est le plus jeune sénateur français). Maire de Soultz, il contribua largement à la modernisation de la ville. Il sera également à l’origine des premières lignes ferroviaires en Alsace.

    Après la défaite de 1870, il rentre à Soultz. Le 10 mai 1871 est signé le Traité de Francfort dont l’une des clauses permet aux Alsaciens-Lorrains de conserver la nationalité française s’ils quittent la région avant le 1er octobre 1872. D’Anthès choisit de conserver la nationalité française. Il réside alors principalement à Paris, où il se reconvertit dans les affaires (l’assurance, les banques, le commerce maritime et l’exportation) et fonde la Compagnie du Gaz de Paris. Il meurt le 2 novembre 1895 et est inhumé à Soultz.

    Lors de son séjour à Saint-Pétersbourg, d’Anthès avait fait la connaissance d’Alexandre Dumas. Il n’est donc pas totalement impossible qu’au moment de nommer le héros du “Comte de Monte-Cristo“, Edmond Dantes, celui-ci se soit souvenu du jeune et fringuant officier. 

    Ce qui est sûr par contre, c’est qu’Henri Troyat, de l’Académie française, en a fait l’un des personnages principaux de son dernier roman, “La traque“.

  • Auguste Nefftzer, le fondateur colmarien du "Temps"

    Auguste_Nefftzer.jpgAuguste Nefftzer est né à Colmar le 3 février 1820.

    Il étudie la théologie à la Faculté protestante de Strasbourg, puis se lance dans le journalisme politique en devenant rédacteur du "Courrier du Haut-Rhin". Deux ans plus tard, en 1844, il s'installe à Paris et entre au journal "La Presse", dont il deviendra gérant, puis directeur politique en 1856.

    En 1858, il fonde, avec le Mulhousien Charles Dollfus, la "Revue Germanique" donc l'objectif est de rapprocher la France et l’Allemagne.

    En 1861, il crée le quotidien du soir "Le Temps", dont il sera à la fois directeur politique et rédacteur en chef. En 1871, tout en continuant de collaborer avec le journal, il en abandonne la direction politique.

    Il meurt à Bâle le 20 août 1876.

    Le journal "Le Temps" est consultable en ligne. Je m'en sers très régulièrement pour vérifier des points historiques, des dates… Petit détail pratique : c'était un journal du soir, donc daté du lendemain ! Pour voir l'actualité d'un jour donné, il faut regarder le numéro daté du jour suivant (par exemple, le journal publié le 3 février est daté du 4).