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Alsace - Page 24

  • Odile, patronne d'Alsace

    Odile.jpgEn 1946, sainte Odile a été proclamée “patronne de l’Alsace“ par le pape Pie XII. Elle était traditionnellement fêtée le 13 décembre, mais, afin de la dissocier de Sainte-Lucie également fêtée le 13 (et, comme, elle associée à la lumière et invoquée pour guérir les maladies oculaires), cette célébration a été déplacée au 14 décembre.

    Nous ne savons que peu de choses sur Odile. Il existe bien un récit de sa vie, écrit vers 950, mais celui-ci est plus hagiographique que biographique et fait la part belle à la légende.
    Seule certitude : elle est la fille d’Etichon (ou Aldaric ou Eticho ou Attich), duc d’Alsace de 662 à 689 et née aveugle, vers 662, à Obernai. Lorsqu’elle a une douzaine d’années, elle est envoyée au monastère de Balme (Baume-les-Dames). A cette date, elle n’est pas encore baptisée.
    Selon la légende, Saint Ehrard, évêque de Ratisbonne (Regensburg), aurait fait un songe dans lequel Dieu lui enjoignait de se rendre à Baume-les-Dames pour y baptiser Odile. Et c’est au moment précis de ce baptême que la jeune fille aurait retrouvé la vue ! Elle reçoit alors le nom d’Odile, “fille de lumière“ !

    Vers 680, Edichon donne à sa fille son château de Hohenbourg, situé sur un ancien lieu de culte celte (et connu alors sous le nom de Altitona, la montagne haute). Elle le transforme en couvent (dont elle deviendra l’abbesse, à la fin des travaux, vers 700), et y fait construire un hôpital pour lépreux.
    Elle y meurt en 720.

    Le site deviendra rapidement un haut lieu de pèlerinage : en 773 déjà, Charlemagne visite son tombeau, puis, en 1050, se sera le tour du pape Léon IX, celui qui la canonisera.

     

    Odile, une “pré-Habsbourg“ ?

    Gontran le Riche, comte d’Alsace de 917 à 954, est le premier ancêtre attesté de cette prestigieuse lignée qui allait prendre le nom de son château d’Argovie, Habsbourg. Or, Il existe des documents évoquant la confiscation, en 952, d’une partie des biens d’un comte Gontran, descendant des Etichonides. Et, comme le souligne Philippe Nus dans “L’Alsace, berceau des Habsbourg“ : «la preuve formelle de l’identité des deux hommes ne peut être établie, mais au vu d’un faisceau d’arguments solides, elle relève du probable pour ne pas dire du certain.» On peut donc faire remonter la généalogie des Habsbourg jusqu’à Etichon (ou Aldaric ou Eticho ou Attich), duc d’Alsace et père de Sainte Odile !

  • Saint Nicolas

    Saint-Nicolas.jpgSaint Nicolas, encore une belle tradition locale.

    Enfin, locale… C’est vrai, que cette manière de fêter, la veille, avec les mannalas et le chocolat chaud est typique de chez nous, mais la tradition existe ailleurs aussi. Si, en France, la Saint Nicolas est essentiellement fêtée en Lorraine, en Alsace, bien sûr, et dans le Nord, cette coutume est également présente dans la plupart des pays du nord de l’Europe, Allemagne et Belgique compris. Souvent, Saint Nicolas y remplace le Père Noël, peu ou pas présent dans les traditions locales. Pas étonnant, quand on se rappelle que le Père Noël n’est qu’une adaptation américaine de notre saint, dont il en a conservé le nom, Santa Claus. Il y avait bien eu, suite logique de la Réforme, une première "sécularisation" du personnage, en Allemagne, dès 1770 avec l'apparition du "Weyhnachtsmann", substitut du saint pour conserver la tradition des cadeaux. Le personnage allait être popularisé par le poème de Hoffmann von Fallersleben "Morgen kommt der Weihnachtsmann" (1835). 

    Petit rappel historique : ce sont les Hollandais qui fondèrent la Nouvelle Hollande, qui devint rapidement la Nouvelle-Amsterdam, sur l’emplacement actuel de New York. Pour protéger la ville des indiens, le gouverneur général Peter Stuyvesant fera construire le mur qui a donné son nom à Wall Street. Ces Hollandais célébraient Sinter Klaas qui allait être américanisé pour devenir Santa Claus. Alors qu’en Europe les deux fêtes restaient bien distinctes, les américains les rapprochèrent et désormais Saint Nicolas ferait sa tournée le 24 décembre !

    La première description "américanisée" date de 1821. Elle figure dans un poème publié par William Gilley, imprimeur et éditeur à New York. Pour la première fois, il y est fait mention d'un traîneau tiré par 8 rennes (Rudolph, le petit rennes au nez rouge, n'apparaîtra qu'en 1939). En 1822, Clement Clarke Moore, poète et théologien, fils d'évêque, modifie l’image traditionnelle de Saint Nicolas en le débarrassant de ses attributs d’évêque, un peu trop catholique ! Il supprime la crosse et remplace la mitre par un bonnet. Dans son poème "Twas the night before Christmas“ (A Visit from St. Nicholas), il décrit "Son habit de fourrure, ses bottes et son bonnet… un sac plein de jouets. Il avait des joues roses, des fossettes charmantes… une très grande barbe d'un blanc vraiment immaculé…Il avait le visage épanoui, et son ventre tout rond sautait quand il riait, comme un petit ballon" . Il fallut attendre encore une quarantaine d’année pour voir apparaître la première illustration d’un Santa Claus vêtu de son costume rouge à bord de fourrure blanche. Mais l’image définitive d’un Père Noël ventripotent n’apparaîtra qu’en 1931 dans une publicité Coca Cola ! Pendant plus de 30 ans Coca Cola allait utiliser cette image pour booster ses ventes en hiver et imposer ainsi sa vision du personnage. Vous rendez-vous compte que, si les publicitaires de Pepsi en avaient eu l'idée, le Père Noël serait bleu ?

    En traversant l’Atlantique, Santa Claus ne s’est pas substitué à son modèle, mais est devenu un nouveau personnage, le Père Noël. En Allemagne, c'est toujours le Christkind qui apporte les cadeaux. Ce personnage aurait pour origine Sainte Lucie, représentée par une jeune fille vêtue de blanc et portant une couronne de bougies. Elle était fêtée le 23 décembre avant la réforme du calendrier de 1582. Le personnage a été repris par les protestants pour contrer le Saint NIcolas catholique et c'est ainsi que le marché de la Saint-Nicolas de Strasbourg est devenu le Christkindelsmarik.

    Quand j’étais enfant, les Pères Noël que nous pouvions voir à la porte des grands magasins portaient encore la longue robe rouge à capuche. La veste courte du Père Noël Coca Cola ne s’est réellement imposée en Europe que depuis la fin des années 90.

    Pere Noel.jpg

    Un Père Noël dans les années 60, rue des Clefs à Colmar

  • Les facteurs d'instruments en Alsace

    L'Alsace est une terre de facteurs d'instruments : Sébastien Ehrahrd, devenu Érard, de Strasbourg, et  Ignace Pleyel (ancien maître de chapelle de la cathédrale de Strasbourg), créèrent tous deux des manufactures de pianos et sont à l'origine du piano moderne. Camille Pleyel, (fils d'Ignace, né à Strasbourg) allait faire de la maison Pleyel l'une des plus connues dans le monde entier. Les Silbermann, installés à Strasbourg, conçurent des orgues réputés pour leurs qualités sonores, tout comme les Callinet de Rouffach ou, plus récemment, les Kern, de Strasbourg.
    A Erard, nous devons aussi la harpe moderne à pédales ainsi qu'un système destiné à rendre le jeu de l'orgue plus expressif en lui ajoutant des nuances ! Pleyel, de son coté, avait développé un piano double dont un des derniers exemplaires est aux Dominicains de Guebwiller.

    Moins connus du grand public, les Kirkman, célèbre dynastie de facteurs de clavecins anglais, dont le premier n'est autre que Jacob Kirchmann, né le 4 mars 1710 à Bischwiller qui émigra à Londres où il fonda une manufacture, associé à son neveu Abraham.

    L'Alsace est la région de France qui compte le plus d'orgues. Rien d'étonnant donc qu'on y trouve, aujourd'hui encore, un nombre impressionnant de facteurs et restaurateurs :
    la manufacture Blumenroeder à Haguenau
    Organis Nobilis à Hoerdt
    l'Atelier de facture d'orgues Dillenseger à Wingen-sur-Moder
    la manufacture d'orgue Richard Dott à Sélestat
    la manufacture d’orgues Jean-Christian Guerrier à Willer 
    Rémy Mahler à Pfaffenhoffen
    Hubert Brayé à Mortzwiller
    la manufacture d'orgues Muhleisen à Eschau
    pour ne citer que ceux qui ont un site.