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Alsaciens célèbres - Page 29

  • François-Christophe Kellermann, duc de Valmy

    “Le Vainqueur de Valmy“, “Le Héros de Valmy“, “Le Nestor des armées“… autrement dit, François-Christophe Kellermann, est né à Strasbourg le 28 mai 1735 dans une famille d’origine saxonne, installée depuis deux siècles à Strasbourg et anoblie sous Louis XIV.

    Kellermann.jpgIl est baptisé deux jours plus tard en la cathédrale de Strasbourg. En 1752, il entre comme cadet au régiment de Lowendal. L’année suivante, il est nommé enseigne au Royal-Bavière puis, successivement, lieutenant dans les volontaires d’Alsace le 6 mai 1756, capitaine en second le 9 avril 1758 et capitaine à la suite aux volontaires du Dauphiné le 13 avril 1761. Nous sommes alors en pleine Guerre de Sept Ans (1756-1763) et deux actions d’éclat vont le faire remarquer : à Orstein, près de Wezel, où, avec son seul escadron, il fait prisonniers 300 grenadiers du corps du général Scheider et s’empare de leur canon et, l’année suivante, en Westphalie, où il fait prisonnier ce même général. Il y gagnera, sur recommandation du prince de Condé, la croix de l’Ordre de Saint-Louis.

    La paix revenue, il rejoint les hussards de Conflans avant d’être chargé, par le roi, de missions en Pologne et en Tartarie en 1765-66.
    En 1769, il épouse Marie-Anne Barbé, sœur du futur marquis de Barbé-Marbois, ministre du Trésor sous Napoléon (c’est lui qui négociera le traité de cession de la Louisiane aux États-Unis), premier président de la Cour des Comptes de 1807 à 1834 et, un temps, Garde des Sceaux sous Louis XVIII. En 1771, il retourne en Pologne, en pleine guerre civile, pour y organiser la cavalerie dont il assurera le commandement et avec laquelle il se distinguera une nouvelle fois.

    A son retour en France, il est promu lieutenant-colonel de cavalerie (24 mars 1772). En 1779, il est major des hussards de Conflans, puis lieutenant-colonel du régiment “Colonel-Général hussards“ à sa création en 1783. Le 1er janvier 1784, il est promu brigadier des armées du Roi et, le mois suivant, devient mestre de camp en second du “Colonel-Général“. Le 9 mars 1788, il est nommé maréchal de camp et, quelques jours plus tard, vérificateur de la comptabilité des régiments.
    En 1790, il est promu commandeur dans la dernière promotion dans l’Ordre de Saint-Louis et est nommé commandant du département du Haut-Rhin, puis du Bas-Rhin l’année suivante. En mars 1792, il est nommé lieutenant-général des armées et reçoit le commandement en chef des troupes rassemblées au camp de Neukirch sur la Sarre.
    Le 28 août 1792, il est promu commandant en chef de l’Armée du Centre en remplacement du maréchal Luckner. Il n’accepte qu’à la condition que ce dernier soit nommé généralissime, ce qui lui est accordé. Entretemps, le duc de Brunswick avait franchi la frontière à la tête de 138 000 hommes (66 000 Prussiens, les 36 000 Autrichiens du prince de Hohenlohe et les 20 000 du comte de Clayrfait, 10 000 Hessois et 6 000 émigrés) et s’avançait sur la Champagne. Le 20 septembre, à Valmy, les troupes françaises sous les ordres de Dumourier et Kellermann réussissent à les arrêter, malgré leur infériorité numérique, avant de les repousser hors du territoire.

    Kellermann2.jpgEn décembre, Kellermann est nommé à la tête de l’Armée des Alpes à laquelle s’ajoute celle d’Italie au mois de mai suivant. Chargé de réprimer la révolte des Lyonnais contre la Convention, alors que l’avance des troupes piémontaises mobilisent son armée, il est accusé de laisser traîner les choses et sa loyauté est mise en cause : le 4 septembre 1793, sa destitution et son ordre d’arrestation sont signés. Alors qu’il s’apprête à marcher sur Toulon, il est arrêté le 18 octobre et emprisonné. Après treize mois de détention, il est jugé et acquitté à l’unanimité par le Tribunal révolutionnaire de Paris, le 18 novembre 1794. Il demande alors sa réintégration dans l’armée et l’obtient le 15 janvier 1795.

    Le 3 mars suivant, il reprend le commandant des armées des Alpes et d’Italie. En septembre 1795, le commandement de l’armée d’Italie passe au général Schérer : Kellermann conserve celui de l’armée des Alpes. Deux ans plus tard, les deux armées sont à nouveau réunies sous le commandement de Bonaparte qui a remplacé Schérer. Kellermann est alors nommé inspecteur général de la cavalerie de l’armée d’Angleterre, puis de celle de Hollande.

    En 1800, il est nommé au Sénat dont il deviendra président le 2 août 1801. Le 19 mai 1804, il est élevé à la dignité de Maréchal de l’Empire. Il est également, à cette période, sénateur de Colmar. Le 2 décembre, lors du sacre de Napoléon, le maréchal Kellermann fait partie du cortège : c’est à lui que revient l’honneur de porter la couronne de Charlemagne. Le 19 novembre 1805, il se voit confier le commandement du 3ème corps de réserve, puis de l’armée de réserve du Rhin (20 septembre 1806). En 1807, il reçoit en dotation le château et le domaine de Johannisberg (situé à Geisenheim sur la rive droite du Rhin, entre Wiesbaden et Rüdesheim) confisqué à Guillaume-Frédéric d’Orange Nassau. En mai 1808, il est créé duc de Valmy. La même année, il est nommé commandant de l’armée de réserve d’Espagne, puis des corps d’observation de l’Elbe et de la Meuse-Inférieure en 1809 et des armées de réserve sur le Rhin en 1812. Il est alors également commandant militaire des pays de Berg, de Hesse-Darmsatdt, Wurtzbourg, Francfort et Nassau. Fin 1813, il est commandant des 25ème et 26ème divisions militaires puis de l’ensemble des réserves de l’armée.

    Le 1er avril 1804, au Sénat, il vote la déchéance de l’Empereur et la création d’un gouvernement provisoire. Louis XVIII le nomme commandant en chef des 3ème et 4ème divisions, le crée Pair de France le 4 juin 1814 et Grand-croix de l’Ordre de Saint-Louis le 23 août. Il termine sa carrière militaire en tant que gouverneur de la 5ème division à Strasbourg.

    Entre 1804 et 1815, Kellermann réside à Molsheim dans l’ancien collège des Jésuites, (aujourd’hui 13 avenue de la Gare) siège de la première université alsacienne, transférée à Strasbourg en 1701.

    S’étant tenu à l’écart des événements lors des Cent-Jours, il retrouve sa place à la Chambre des Pairs où il vote la mort du maréchal Ney.

    Il meurt à Paris, dans son hôtel particulier de la rue Saint-Dominique, le 13 septembre 1820.

    Ses cendres sont enterrées au cimetière du Père Lachaise et son coeur est inhumé sur le champ de bataille de Valmy.

    Le nom de Kellermann est inscrit sur la troisième colonne (pilier nord) de l’Arc de Triomphe de l’Étoile. Sa statue en pied se trouve sur la façade nord du Louvre, rue de Rivoli.

     

    Sources : “Histoire généalogique et héraldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l’Europe, précédée de la généalogie de la maison de France“ de Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles (1826) - Esquisse de la carrière militaire de François-Christophe de Kellermann, Duc de Valmy de Jean François Le Déist de Botidoux (1817).

  • Maximilien Ier, comte alsacien et roi de Bavière

    Maximilien de Wittelsbach, comte de Ribeaupierre, né le 27 mai 1756 à Schwetzingen.

    Max.jpgBien que lui-même soit né de l'autre côté de la frontière, il y a de solides racines alsaciennes :

    - Son arrière-grand-père, Christian II de Birkenfeld-Bischweiler (fils de Christian Ier de Birkenfeld-Bischweiler et de Madeleine de Wittelsbach-Deux-Ponts) est né à Bischwiller le 22 juin 1637. Par son mariage avec la comtesse Catherine Agathe de Ribeaupierre, il entre en possession du comté de Ribeaupierre, puis il achète la seigneurie de Bergheim et hérite du comté de La Petite-Pierre. C’est lui qui, en 1686, transfère la traditionnelle fête des Ménétriers à Bischwiller.

    - Son grand-père, Christian III de Deux-Ponts-Birkenfeld (1674-1735), comte palatin de Birkenfeld et de Birkenfeld-Bischweiler de 1715 à 1735 et également duc du Palatinat-Deux-Ponts de 1731 à 1735, est né à Strasbourg.

    - Son père Frédéric-Michel de Deux-Ponts-Birkenfeld (fils cadet du précédent et de Caroline Nassau-Sarrebrück), est né à Ribeauvillé en 1724. Il est comte palatin de Deux-Ponts-Birkenfeld et comte de Ribeaupierre. Il est fait chevalier de la Toison d’or en 1759. Il décède à Schwetzingen en 1767.

    Maximilien grandit à Strasbourg où il a pour précepteur Agathon Guinement, chevalier de Keralio, ancien aide de camp du maréchal duc de Broglie. Celui-ci est assisté dans sa tâche par l’abbé Pierre de Salabert (qui suivra Maximilien à Munich et deviendra son confident) et du mathématicien Jean-François Le Ratz de Lanthenee.

    Plaque.jpgSon père meurt en 1767 et son frère devient, de fait, héritier de Charles IV Théodore, Électeur de Bavière et du Palatinat. Maximilien, lui, héritera du titre de comte de Ribeaupierre. Il entre au service du roi de France. A 20 ans, il devient colonel du régiment Royal Alsace, acquis en 1667 par son arrière-grand-père.
    De 1771 à 1791, il réside dans l’hôtel particulier de la famille, aujourd’hui palais du gouverneur militaire, 13 rue Brûlée. C’est là que naîtra, en 1786, son premier enfant, Louis (en hommage à son parrain, Louis XVI) et, en 1788, sa fille Augusta qui épousera Eugène de Beauharnais, fils adoptif de Napoléon.

    La révolution oblige Maximilien à quitter Strasbourg. La mort de son frère en 1795 fait de lui le duc souverain de Deux-Ponts, comte de Birkenfeld et l’héritier de l’Electeur de Bavière. Cette même année il perd également son épouse, Wilhelmine de Hesse-Darmstadt.
    Deux ans plus tard, il épouse Caroline de Bade devenant ainsi le beau-frère du futur tsar Alexandre Ier de Russie ainsi que du roi Gustave IV Adolphe de Suède !
    Les troupes révolutionnaires françaises occupant le duché de Deux-Ponts et le Palatinat, il s’installe dans son duché de Bavière.
    Dès l’accession de Napoléon au pouvoir, Maximilien lui apporte son soutien politique et militaire. Le traité de Lunéville (1801) lui fait perdre le Palatinat, mais la Bavière y gagne le Tyrol, Salzbourg et le Vorarlberg. En 1806, la Bavière est érigée en royaume et le duc Maximilien II devient le roi Maximilien Ier. C’est cette année-là que sa fille épouse Eugène de Beauharnais, mais apprenant que l’Empereur souhaitait également “fournir“ une épouse de son clan au futur Louis Ier de Bavière, Maximilien arrange au plus vite le mariage de son fils avec Thérèse de Saxe-Hildburghausen. C’est la fête organisée à l’occasion de ce mariage qui sera à l’origine de la célèbre Oktoberfest de Munich !

    Après la campagne de Russie, sentant le vent tourner, Maximilien se range aux côtés des Alliés. Le Congrès de Vienne lui confirme son titre royal et, en compensation du Tyrol qui passe à l'Autriche, la Bavière reçoit la Franconie et récupère la partie du Palatinat située sur la rive gauche du Rhin. Pour sceller l’union avec l’Autriche, sa fille Sophie épouse l’archiduc François-Charles d’Autriche (deux empereurs naîtront de cette union : François-Joseph Ier d’Autriche et Maximilien Ier du Mexique) et pour réunir la famille Wittelsbach, sa fille Ludovika épouse l’autre Maximilien de Bavière, chef de la branche cadette de la famille (parmi leurs huit enfants, il y aura Elisabeth Amélie Eugénie, dite Sissi qui épousera en 1854 son cousin François-Joseph Ier).
    Maximilien décède à Munich le 13 octobre 1825.

    Pour l'anecdote : à Strasbourg, Maxilien (que les Strasbourgeois surnommaient le Grand Max) avait assisté au récital de piano donné le 17 octobre 1778 par Mozart.

  • Lazare de Schwendi

    Le 27 mai 1583 à Kirchhoffen, dans le Pays de Bade, disparaissait Lazare de Schwendi dont la statue (due à Bartholdi) surmonte la fontaine de la place de l’Ancienne Douane à Colmar.

    schwendi,bartholdi,tokay,colmar,kientzheimLazare de Schwendi est né en juin 1522 à Mittelbiberach, en Souabe. Fils illégitime de Ruhland de Schwendi et d’une servante, il est légitimé par l’empereur Charles Quint en 1524. Il n’a que 3 ans à la mort de son père qui désigne par testament la ville de Menningen comme exécuteur testamentaire et tuteur de son fils. Il fait ses études aux universités de Strasbourg et de Bâle avant d’entrer, en 1546, au service de Charles Quint. L’année suivante, il est nommé émissaire impérial et négociateur pour les affaires religieuses à Augsbourg, Ulm et Strasbourg, puis colonel impérial. Puis, il effectue plusieurs missions diplomatiques. En 1552, il est élevé au rang de chevalier, conseiller impérial et comte palatin et nommé bailli au château de Brisach. L’année suivante, il est ambassadeur à la Cour impériale à Bruxelles.

    En 1556, le fils de Charles Quint, Philippe II, roi d’Espagne  et prince souverain des Pays-Bas, le nomme gouverneur de la ville qui porte son nom, Philippeville, dans la province de Namur. Après la bataille de Gravelines, en désaccord avec la politique espagnol aux Pays-Bas, Schwendi quitte le service de Philippe II.

    En 1564, il entre au service de l’empereur Maximilien II qui lui confie le commandement en chef des troupes allemandes. Il part combattre les Turcs en Hongrie et c’est là, le 11 février 1565, qu’il prend la forteresse de Tokaj.

    La légende veut qu’il en rapporta le savoir-faire viticole et le cépage qui allait donner le Tokay d’Alsace. Il ne se doutait certainement pas qu’il allait être à l’origine d’une longue bataille juridique entre la Hongrie et l'Alsace concernant cette appellation qui a définitivement disparue le 1er janvier 2007 pour être remplacée par celle de Pinot Gris.

    En 1568, Lazare de Schwendi se retire sur ses terres : il avait acquis la seigneurie de Burkheim (Kaiserstuhl) en 1560, la ville et le château de Triberg ainsi que la seigneurie de Hohenlandsberg en 1563. En août 1568, il est fait baron de Hohenlandsberg. Cette seigneurie se compose du village et du château de Kientzheim, de Sigolsheim, d’Ingersheim, de Katzenthal et de Logelheim ainsi qu’une partie de Niedermorschwihr, de Wintzenheim, d’Ammerschwihr et de Turckheim. En 1577, il devient seigneur de Kirchhofen (Pays de Bade) et l’année suivante, prévôt impérial de Kaysersberg.

    Il n’effectue plus qu’une mission officielle, en 1581 (l’inspection des défenses d’Ensisheim, la capitale des possessions des Habsbourg en Alsace) et la rédaction d’un rapport sur les travaux à entreprendre.

    Après son décès à Kirchhofen, le 27 mai 1583, son corps est rapatrié à Kientzheim (sa résidence préférée) et inhumé dans l’église où l’on peut encore voir sa pierre tombale.

    Le château de Kientzheim est aujourd’hui le siège de la Confrérie Saint-Etienne et abrite le Musée du Vignoble et des Vins d’Alsace.

    En 1986, une Fédération des Villes de Lazare de Schwendi a été créée. Elle regroupe Kientzheim, Ingersheim, Logelheim, Sigolsheim, Wintzenheim, Turckheim, Munster, Ammerschwihr, Niedermorschwihr, Katzenthal, Kaysersberg en France, Kirchhofen (Ehrenkirchen), Burkheim (Vogtsburg), Triberg, Mittelbiberach et Schwendi en Allemagne et Philippeville en Belgique.

    Si l’on a pu longtemps croire que Schwendi a introduit le Tokay en Alsace (sa statue, due à Bartholdi, le montre brandissant un plant), il est aujourd’hui établi qu’il n’en est rien. Le Tokay de Hongrie était alors particulièrement apprécie et dans de nombreuses régions viticoles, on rêvait de produire un vin semblable. Schwendi aurait ramené des plants à Kientzheim pour les multiplier. Mais il se serait trompé de cépage ! Le Tokay hongrois est issu du Furmint alors que le Pinot Gris est originaire de Bourgogne. Ce dernier aurait vraisemblablement été substitué au cépage hongrois, ramené par Schwendi, qui ne donnait pas les résultats escomptés.