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Alsace - Page 11

  • Voltaire, colmarien pendant un an

    Voltaire.jpgVoltaire est né le 21 novembre 1694 à Paris.*

    Jugé indésirable à Paris par Louis XV, disgracié et chassé d’Allemagne par Frédéric II de Prusse, Voltaire arrive, en août 1735, à Strasbourg où il espère être enfin tranquille sur une terre qui est « dans la France et n’est pas terre de France » en attendant que sa nièce lui obtienne l’autorisation de rentrer à Paris.
    Toutes les démarches ayant échoué, il quitte Strasbourg pour Colmar où un imprimeur lui offre la possibilité de terminer et faire imprimer ses “Annales de l’Empire“ : « J'ai trouvé à Colmar des avocats qui sont plus instruits de l'histoire de l'Empire qu'on ne l'est à Vienne. Gens d'un mérite solide, communicatifs qui ont de belles bibliothèques et qui sont entièrement à notre service. Je suis dans le seul pays de France où l'on puisse trouver des secours sur cette matière qu'on ignore parfaitement à Paris ».
    Et en s’installant à Colmar, il espérait récupérer plus facilement une somme importante prêtée au duc de Wurtemberg, seigneur Riquewihr et Horbourg. Il envisageait même d’y faire construire une résidence, comme il l’écrit à sa nièce (dont il était amoureux !) dans une lettre du lettre du 24 octobre : « Il y a un vieux palais de la Maison d’Autriche, c’est-à-dire des pierres entassées et des ruines, tout au beau milieu de l’endroit où nous avons notre bien. Cela s’appelle Horbourg et appartient au duc de Wurtemberg (...) Si le duc nous fournissait le bois, avec la pierre qui est sur les lieux, nous pourrions construire quelque chose de plus beau que la maison de campagne de votre père.»

    Durant son séjour, Voltaire habite dans une maison située rue des Juifs (aujourd’hui au 10 rue Berthe Molly). Ses premières impressions sont bonnes : « Ce pays est beau et les gens sont bons. Les fruits de la contrée sont excellents ainsi que le vin, mais le café n’est pas de qualité » Mais les choses allaient se gâter quand le premier tome des “Annales de l’Empire“ sortit mal imprimé. Et l’hostilité des jésuites locaux acheva de modifier son regard sur « Une ville moitié allemande, moitié française et tout à fait iroquoise ». L’annonce de l’arrivée de sa nièce allait lui rendre un peu d’espoir : « Vous à Colmar ! Je suis en extase et je tremble (...) ; c’est que vous serez assez indignement logée dans cette ville où tout le monde se confesse, où tout le monde se déteste et où il n’y a de ressources que parmi quelques avocats qui savent le droit public d’Allemagne, chose qui serait peu agréable pour vous » (lettre du 12 avril 1754).
    Il envisage alors de s’installer définitivement à Colmar et, le 11 novembre, visite trois maisons. Mais les manœuvres du père Croust, jésuite et recteur du collège de Colmar, qui veut le voir partir de crainte qu’il ne répande les principes de la nouvelle philosophie, portent leurs fruits et le 12 novembre Voltaire, sa nièce, son secrétaire et leurs domestiques doivent quitter précipitamment Colmar : « J’ai quitté Colmar malgré moi », écrira-t-il. Et encore : « Croiriez-vous que je ne pars point de Colmar sans quelque regret. Ma mauvaise réputation m'avait d'abord attiré un petit camouflet de la part de la Sainte-Eglise, mais tous les honnêtes gens du pays ont bien réparé ce scandale ».

    Durant son séjour colmarien, Voltaire avait passé deux semaines à la papeterie royale de Luttenbach-près-Munster. Selon la légende, poursuivi par les espions du roi de France et ceux du roi de Prusse, il se serait caché dans le tronc creux d’un arbre, nommé depuis “Chêne Voltaire“.
    Pour l’anecdote, le domaine attenant à l'usine (où le fondateur de la papeterie avait fait construire un petit château), après avoir été acquis par Mathias Braun, allait passer, par héritages successifs, à la fille de ce dernier puis au gendre de sa petite-fille, le baron de Coubertin. Ce dernier passait régulièrement ses vacances dans le domaine entre 1896 à 1914.

     

    *Polémique sur la date de naissance

    Le 21 novembre 1694 est la date officiellement reconnue, basée sur son acte de baptême (il a été baptisé le 22 novembre). Voltaire a cependant toujours affirmé être né le 20 février précédent : "Je suis entré dans ma soixante et douzième année, en dépit de mes estampes, qui par un mensonge imprimé, me font naître le 20 novembre quand je suis né le 20 février".
    En 1762, Jean-Louis Wagnière, son secrétaire, écrivait (sous la dictée de l'intéressé lui-même) dans une biographie de Voltaire : "Les uns font naître François de Voltaire le 20 février 1694, les autres, le 20 novembre de la même année. Nous avons des médailles de lui qui portent ces deux dates ; il nous a dit plusieurs fois qu’à sa naissance on désespéra de sa vie, et qu’ayant été ondoyé, la cérémonie de son baptême fut différée de plusieurs mois."

  • 21 novembre 1944 : libération de Mulhouse

    Gare Mulhouse.jpgLe 20 novembre 1944, le 2e bataillon du 6e Régiment de Tirailleurs Marocains, agissant en renforcement de la 1re DB, arrive aux portes de Mulhouse. Les premiers coups de feu sont entendus vers 16 heures. Ils sont rejoints dans la soirée par les blindés du général Caldairou, arrivant de Pfetterhouse et de Kembs. A 20 heures, le groupement Gardy a pris pied sur le canal situé à l’ouest de la gare, mais la nuit interrompt la progression. Les troupes allemandes en profitent pour fortifier leurs positions dans les casernes de la ville.

    Le 21 novembre, à partir de 8 heures, les troupes françaises sous le commandement du général de Lattre de Tassigny pénètrent dans Mulhouse.
    Ce sont d’abord les tirailleurs, partis du Rebberg, qui prennent la gare à 8 heures. Leur objectif est d’atteindre la caserne Coehorn en passant par la “Hermann Goering Platz“ (place de la République), la “Adolphe Hitler Straße“ (rue du Sauvage), qu’ils atteignent à 10 heures, et l’avenue de Colmar.

    L’avance des troupes est retardée par les Mulhousiens, de plus en plus nombreux à descendre dans les rues. Dans son journal, le capitaine Fourrière, qui commande la 6ème compagnie de Tirailleurs Marocains raconte : « Notre progression est ralentie par les Mulhousiens de plus en plus nombreux. Ils nous proposent de faire des prisonniers, ici deux officiers, là un groupe de soldats. Nous nous excusons de ne pouvoir glaner des prisonniers à chaque carrefour, nous répondons que nous devons prendre la caserne Coehorn, que d’autres troupes vont nous suivre et les débarrasseront de leurs hôtes indésirables. Nous sommes même arrêtés par des photographes !».
    A midi, la caserne est en vue, mais ce n’est que vers 20 h 30, après plusieurs tentatives et avec l’aide des blindés que le bâtiment central sera pris. Et la caserne ne sera totalement nettoyée que le lendemain à midi. Les Allemands se regroupent dans la caserne Lefèbvre.

    Le 23 novembre, c’est la 7ème compagnie de Tirailleurs Marocains, appuyés par des chars, qui est chargée de s’en emparer. Une section a réussi à parvenir dans un bâtiment proche, mais les Allemands contre-attaquent et, pour les dégager, le lieutenant Jean Carrelet de Loisy pénètre avec son char “Austerlitz“ dans la cour de la caserne. Un tir de panzerfaust touche le dessus de la tourelle du char, le lieutenant est tué sur le coup. Mais grâce à cette intervention, les tirailleurs peuvent se dégager.

    La prise de la caserne Lefèbvre marquera la fin des combats dans Mulhouse, mais les Allemands tiendront Lutterbach et Bourtzwiller jusqu’à début février 1945.

    La promotion 2007-2010 de Saint-Cyr porte le nom de “Promotion Lieutenant Carrelet de Loisy“

  • Paderewski, premier ministre polonais et professeur de piano à Strasbourg

    Paderewski.jpgMême s'il n'a fait qu'un cours séjour à Strasbourg, cette personnalité exceptionnelle a toute sa place ici.

    Ignacy Paderewski est né le 18 novembre 1860 à Kurylowka en Pologne. A 12 ans, il commence ses études de piano au conservatoire de Varsovie, puis se rend à Berlin et Vienne pour étudier la composition.

    En 1885, il s’installe à Strasbourg et devient professeur au conservatoire, puis entame une carrière internationale de concertiste. Pianiste virtuose, il triomphe sur les plus grandes scènes : lors de l’un de ses concerts parisiens (en présence de Tchaïkovski), il aura plus d’une heure de rappels !

    Jusque là, rien de bien original. C’est en 1910 qu’il commence à s’impliquer dans la vie de son pays en participant au financement d’une salle de concert à Varsovie, d’une statue de Chopin (érigée à l’occasion de son centenaire), d’une statue de Ladisals II (pour célébrer le 500e anniversaire de la victoire sur les chevaliers teutoniques)…

    En 1914, il fonde le “Comité central de secours pour les victime de guerre en Pologne“. En 1917, il rédige un mémoire sur une Pologne libre et indépendante qu’il remet au président américain Wilson. La même année, il devient représentant aux Etats-Unis du Comité national polonais (le gouvernement provisoire en exil) tout en organisant les bataillons de volontaires polonais combattant sur le front français.

    Le 27 décembre 1918, il se rend à Poznan, toujours occupée par les allemands, et provoque une insurrection populaire.

    En janvier 1919, il est nommé Premier Ministre et Ministre des Affaires Etrangères de Pologne. C’est ainsi qu’il dirigera la délégation polonaise lors de la signature du Traité de Versailles. Il quitte ses fonction en décembre de la même année, mais reste très actif en tant que diplomate, notamment à la tête de la délégation polonaise à la Société des Nations.

    En 1922, il reprend le cours de sa carrière de pianiste et de compositeur.

    En 1936, il fonde un mouvement politique dont l’objectif est de rétablir la démocratie en Pologne.

    En décembre 1939, il prend la tête du Conseil national polonais en exil, fonction qu’il occupe jusqu’à sa mort, le 29 juin 1941 à New York. D’abord enterrée au cimetière d’Arlington, sa dépouille est transférée en Pologne où elle est inhumée en la cathédrale Saint-Jean de Varsovie lors de funérailles nationales en 1992.