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Alsace - Page 8

  • Hans Pfitzner

    Parmi toutes les personnalités qui ont marqué la vie musicale alsacienne durant la “période allemande“, il en est une qui occupe une place à part. Entre 1908 et 1919, Hans Pfitzner a été directeur du conservatoire, de l'orchestre et de l'opéra de Strasbourg. C’est durant cette période qu'il a composé son opéra “Palestrina“.

    Pfitzner1910.jpgHans Pfitzner est né le 5 mai 1869 à Moscou, où son père est violoniste à l’opéra. En 1872, la famille rentre en Allemagne et s’installe à Francfort. Dans un premier temps, son père lui donne ses premières leçons de musique et, dès 1880, Hans compose ses premières œuvres. De 1886 à 1890, il poursuit ses études au conservatoire de Francfort dans les classes de composition et de piano. En 1892, il obtient son premier poste de professeur au conservatoire de Coblence et, deux ans plus tard, il accepte un poste de chef d’orchestre (non rémunéré) au Stadttheater de Mayence. En 1895, son opéra “Der arme Heinrich“ ainsi que sa musique de scène pour la pièce d’Ibsen “La fête à Solhaug“ sont créés. A partir de 1897, il enseigne au Stern’schen Konservatorium de Berlin. C’est également à Berlin qu’il occupera son premier poste important en 1903, chef principal du Theater des Westens. Parallèlement, il poursuit sa carrière de compositeur et son deuxième opéra “Die Rose vom Liebesgarten“ est créé à Elberfeld en 1901, puis repris à la Hofoper de Vienne en 1905, sous la direction de Gustav Mahler. Après un court passage à la tête de l’orchestre philharmonique de Munich (qui s’appelait encore Kaim-Orchester, du nom de son fondateur), il arrive à Strasbourg.

    A Strasbourg, l’orchestre municipal (futur Orchestre philharmonique de Strasbourg) assurait déjà une double mission : des concerts symphoniques d’une part, les services à l’opéra d’autre part.
    En 1908, Hans Pfitzner est nommé chef des concerts d’abonnement de l’orchestre municipal et directeur du conservatoire de Strasbourg. Deux ans plus tard, il prend également la direction musicale et artistique de l’opéra. Il y réalisera aussi quelques mises en scène. Il occupera ces fonctions jusqu’en 1919.
    Son œuvre lyrique majeure “Palestrina“ est créée à Munich en 1917 sous la direction de Bruno Walter.

    Après cette période strasbourgeoise, Pfitzner se consacre principalement à l’enseignement et à la composition. Profondément conservateur et nationaliste, il entretiendra des liens étroits avec le régime nazi. Il tentera, dans un texte paru en juin 1945, de justifier l’antisémitisme de ce régime. 
    Il meurt le 22 mai 1949 à Salzbourg

    En raison de sa proximité avec le régime nazi, la municipalité de Hambourg a débaptisé la rue Pfitzner qui, depuis le 1er janvier 2011, s’appelle allée de la Paix.

  • Traditions de Pâques

    Lapin.jpgEn Alsace, qui dit Pâques, pense lièvre : encore une tradition qui est née dans notre région ! Je vais finir par croire que l’Alsace est le centre du monde…

    L’œuf est sans doute le plus vieux et le plus universel symbole de vie et de renaissance et, depuis la nuit des temps, de multiples rituels lui ont été associés. De là à établir un lien avec à Pâques qui, dans la tradition chrétienne, est le moment de la renaissance, d’un nouveau départ, il n’y avait qu’un pas. D’autant plus que la consommation d’œufs étant interdite lors du Carême, les distribuer ou les offrir était la meilleure solution pour écouler les importantes quantités récoltées durant ces 40 jours. C’est au XIIIème siècle que cette coutume s’est installée : les œufs étaient bénis puis offerts tels quel. La noblesse allait s’emparer de cette tradition en la faisant évoluer : les œufs étaient décorés, peints ou garnis de joyaux. Au XVIème siècle apparurent les premiers œufs contenant une surprise.
    Et ce n’est qu’au XVIIIème siècle que l’on eut l’idée de vider un œuf pour le remplir de chocolat.

    Mais dans les pays germaniques existe une autre tradition : c’est le lièvre de Pâques qui apporte les œufs. Comme beaucoup d’autres, cette tradition est née en Alsace, il y a plus de 300 ans. Il en est fait mention pour la première fois dans un texte de 1678 (ou 1682, selon les sources) “De ovis paschalibus“ de Georg Franck von Frankenau qui en situe clairement l’origine en Alsace.
    Si l’origine géographique ne fait aucun doute, les origines historiques de cette tradition restent vagues. On peut toutefois relever que le lièvre était l’animal d’Aphrodite et de la déesse germanique de la Terre, Holda, et qu’il était également l’animal symbolique du Christ dans l’empire byzantin.
    La légende veut qu’une vieille femme, qui n’avait pas assez d’argent pour acheter des œufs décorés pour ses petits-enfants, décida d’en peindre elle-même. Elle les cacha dans son jardin sous de petits tas de brindilles et appela ensuite les enfants pour les inviter à chercher leurs surprises. Tout à coup, un lièvre surgit de l’un des ces petits nids. Les enfants étaient alors persuadés que c’était ce lièvre qui avait déposé les œufs.
    Voilà comment est née la tradition du lièvre de Pâques. Lièvre et non lapin !

    Comme pour celle de Noël, cette tradition a été apportée aux Etats-Unis par la vague migrante d’origine germanique et c’est ainsi que les petits Américains espèrent que “l’Easter Bunny” leur apportera des lapins en chocolat et des sucreries dans un panier tressé... Le lièvre était devenu lapin et c'est sous cette forme qu'il s'est fait connaître en France au cours des dernières années (l'influence des séries américaines !) alors qu'il y était totalement inconnu (hors de sa région d'origine, bien évidemment). Je me rappelle encore la surprise d'amis, il y a une trentaine d'années, venant pour la première fois en Alsace à l'approche de Pâques et découvrant nos lièvres en chocolat !

    Les cloches en chocolat se rattachent à une autre tradition.
    En signe de deuil, l’Eglise avait interdit de faire sonner les cloches à partir du Jeudi Saint. Durant cette période, ce sont les enfants qui appelaient aux offices en parcourant les rues des villages en agitant des crécelles. Les cloches ne sonnaient à nouveau que le jour de Pâques. D’où cette légende des cloches qui partiraient pour Rome durant ces quelques jours. A défaut de les entendre sonner, on les mangeait !

    Dans la tradition protestante, le Vendredi Saint reste un jour particulier, férié dans les deux départements alsaciens et en Moselle (dans lesquels le concordat a été maintenu). A Strasbourg, en l’église Saint-Guillaume, tous les Vendredis Saints est donnée l’une des Passions de Bach, une tradition qui a été établie par Ernest Munch et Albert Schweitzer.

     

  • Vendredi-Saint férié en Alsace : droit ou usage ?

    Le Vendredi Saint est jour férié en Alsace. Et si cette affirmation n'était pas tout à fait vraie ?

    Ce jour férié fait partie d'un ensemble de mesures votées en 1919 (le Droit local), après le retour de ce qu'on appelait alors l'Alsace-Lorraine au sein de la République française. Premier point qui vient un peu tempérer cette affirmation : en 1919, l'Alsace n'avait pas d'existence administrative. Il faudra attendre le début des années 60 et la création des régions pour cela. Ce droit a donc été accordé aux trois départements, Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle. Mais, ce que l'on sait moins, et c'est là le second point, c'est qu'il n'a pas été accordé de manière uniforme, car il reprend exactement les termes d'une ordonnance impériale allemande.

    Commençons par le début : l’ordonnance du 16 août 1892 :

    Verordnungen pp. des Kaiserlichen Statthalters, des Ministeriums und des Oberschulrats.
    Verordnung Auf Grund des § 105 a Abs. 2 des Gewerbeordnung für das Deutsche Reich wird hierdurch bestimmt :
    Als Festlage im Sinne der Gewerbeordnung gelten : Neujahr, Ostermontag, Christi Himmelfahrt, Pfingstmontag, Maria Himmelfahrt, Allerheiligen, der erste und der zweite Weihnachtstag, sowie in denjenigen Gemeinden, in welchen sich eine protestantische Kirche oder eine Simultankirche befindet, Karfreitag.
    Ministerium für Elsass-Lothringen
    Der Staatssekretär
    In Vertretung : von Schraut

    En vertu de l’article 105 a, alinéa 2 de la loi organique sur l’industrie, il est prescrit ce qui suit :
    Sont considérés comme jours de fête dans le sens de la loi organique sur l’industrie : le jour de l’an, le lundi de Pâques, l’Ascension, le lundi de Pentecôte, l’Assomption, la Toussaint, le premier et le second jour de Noël et, dans les communes ayant une église protestante ou une église mixte, le Vendredi Saint.
    Ministère d’Alsace-Lorraine
    Le secrétaire d’Etat,
    Par délégation : von Schraut

    Venons-en à 2005 et à la question écrite n° 15815 de Jean-Louis Masson (Sénateur non inscrit de Moselle). Plus exactement sur un passage de cette question « Par ailleurs, le vendredi saint est un jour chômé dans les communes où se trouve un temple ». Vous avez bien lu : “dans les communes où se trouve un temple”, et donc uniquement dans ces communes, comme le stipulait le décret impérial !
    Alors, regardons la loi :
    Code du travail - Dispositions particulières aux départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin - Article L3134-13
    Les jours fériés ci-après désignés sont des jours chômés :
    1° Le 1er Janvier ;
    2° Le Vendredi Saint dans les communes ayant un temple protestant ou une église mixte ;
    3° Le lundi de Pâques ;
    4° Le 1er Mai ;
    5° Le 8 Mai
    6° L’Ascension ;
    7° Le lundi de Pentecôte ;
    8° Le 14 Juillet ;
    9° L’Assomption ;
    10° La Toussaint ;
    11° Le 11 Novembre ;
    12° Le premier et le second jour de Noël.
    Un décret peut compléter la liste de ces jours fériés compte tenu des situations locales et confessionnelles.

    La loi est parfaitement claire et, dans les deux départements alsaciens, c’est donc le simple usage qui a étendu ce jour férié à l’ensemble des communes !
    C’est un peu plus compliqué en Moselle, où la distinction entre communes subsiste et où c’est au préfet de décider de l’ouverture ou non des commerces (indépendamment de l'existence d'un lieu de culte) depuis une loi du 31 novembre 1989.