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Traditions - Page 2

  • Vendredi-Saint férié en Alsace : droit ou usage ?

    Le Vendredi Saint est jour férié en Alsace. Et si cette affirmation n'était pas tout à fait vraie ?

    Ce jour férié fait partie d'un ensemble de mesures votées en 1919 (le Droit local), après le retour de ce qu'on appelait alors l'Alsace-Lorraine au sein de la République française. Premier point qui vient un peu tempérer cette affirmation : en 1919, l'Alsace n'avait pas d'existence administrative. Il faudra attendre le début des années 60 et la création des régions pour cela. Ce droit a donc été accordé aux trois départements, Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle. Mais, ce que l'on sait moins, et c'est là le second point, c'est qu'il n'a pas été accordé de manière uniforme, car il reprend exactement les termes d'une ordonnance impériale allemande.

    Commençons par le début : l’ordonnance du 16 août 1892 :

    Verordnungen pp. des Kaiserlichen Statthalters, des Ministeriums und des Oberschulrats.
    Verordnung Auf Grund des § 105 a Abs. 2 des Gewerbeordnung für das Deutsche Reich wird hierdurch bestimmt :
    Als Festlage im Sinne der Gewerbeordnung gelten : Neujahr, Ostermontag, Christi Himmelfahrt, Pfingstmontag, Maria Himmelfahrt, Allerheiligen, der erste und der zweite Weihnachtstag, sowie in denjenigen Gemeinden, in welchen sich eine protestantische Kirche oder eine Simultankirche befindet, Karfreitag.
    Ministerium für Elsass-Lothringen
    Der Staatssekretär
    In Vertretung : von Schraut

    En vertu de l’article 105 a, alinéa 2 de la loi organique sur l’industrie, il est prescrit ce qui suit :
    Sont considérés comme jours de fête dans le sens de la loi organique sur l’industrie : le jour de l’an, le lundi de Pâques, l’Ascension, le lundi de Pentecôte, l’Assomption, la Toussaint, le premier et le second jour de Noël et, dans les communes ayant une église protestante ou une église mixte, le Vendredi Saint.
    Ministère d’Alsace-Lorraine
    Le secrétaire d’Etat,
    Par délégation : von Schraut

    Venons-en à 2005 et à la question écrite n° 15815 de Jean-Louis Masson (Sénateur non inscrit de Moselle). Plus exactement sur un passage de cette question « Par ailleurs, le vendredi saint est un jour chômé dans les communes où se trouve un temple ». Vous avez bien lu : “dans les communes où se trouve un temple”, et donc uniquement dans ces communes, comme le stipulait le décret impérial !
    Alors, regardons la loi :
    Code du travail - Dispositions particulières aux départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin - Article L3134-13
    Les jours fériés ci-après désignés sont des jours chômés :
    1° Le 1er Janvier ;
    2° Le Vendredi Saint dans les communes ayant un temple protestant ou une église mixte ;
    3° Le lundi de Pâques ;
    4° Le 1er Mai ;
    5° Le 8 Mai
    6° L’Ascension ;
    7° Le lundi de Pentecôte ;
    8° Le 14 Juillet ;
    9° L’Assomption ;
    10° La Toussaint ;
    11° Le 11 Novembre ;
    12° Le premier et le second jour de Noël.
    Un décret peut compléter la liste de ces jours fériés compte tenu des situations locales et confessionnelles.

    La loi est parfaitement claire et, dans les deux départements alsaciens, c’est donc le simple usage qui a étendu ce jour férié à l’ensemble des communes !
    C’est un peu plus compliqué en Moselle, où la distinction entre communes subsiste et où c’est au préfet de décider de l’ouverture ou non des commerces (indépendamment de l'existence d'un lieu de culte) depuis une loi du 31 novembre 1989.

  • Pour le retour des "Journées de la choucroute"

    Un candidat aux élections municipales à Colmar vient de proposer de recréer ce qui était, jadis, un des moments forts de la vie colmarienne, les Journées de la choucroute ! Je ne peux que m'associer à cette idée, puisque j'avais écrit ici, en décembre 2009 déjà, un article sur ce sujet ! Le voici :

    Colmariens, mes frères, l'heure de la revendication a sonné !
    Unissons-nous pour que renaisse l'un des évènements culturels majeurs de la capitale des vins d'Alsace, le Sürkrütfacht !

    Bon, je vous parle là d'un temps que les moins de vingt ans (et même ceux de quarante) ne peuvent pas connaître, la glorieuse époque des Journées de la Choucroute.

    Imaginez notre bon vieux "Rapp platz" (la place Rapp). La statue trônait alors encore en son centre, et là, juste à côté, un immense chapiteau rayé. Et sous le chapiteau, de grandes tables, des bancs, une scène et une floppée de serveuses et de serveurs en costume alsacien, les bras chargés de bocks de bière et d'énormes plateaux de choucroute, réprovisionnant à l'infini une foule affamée et assoiffée se balançant aux rythmes entraînants de la musique folklorique : "En Colmar esch a Sürckrütfacht...".
    Ça avait un petit coté "Oktoberfest" au format colmarien. Et ça mangeait, ça buvait, ça chantait bras dessus, bras dessous "Hola dria ho..."
    C'était beau, c'était grand, c'était émouvant... C'était alsacien !
    En ce temps-là, même la Foire aux Vins avait sa place au centre-ville, entre la place du 2 Février et la halle du marché.

    Et puis, un jour...

    Un nouveau parc expo, la Foire aux Vins déménage, les Journées de la Choucroute aussi...
    L'une y a trouvé sa place, les autres y ont perdu leur âme avant de disparaître. Ailleurs que sous son chapiteau, la choucroute n'avait plus la même saveur !

  • La Knack d'Alsace

    La lecture du Journal Officiel peut avoir des retombées inattendues ! En lisant l'arrêté « du 15 mai 2014 relatif à l’homologation du cahier des charges concernant la dénomination "Knack d’Alsace" en vue de la transmission à la Commission européenne d’une demande d’enregistrement en tant qu’indication géographique protégée », je trouve un lien vers le cahier des charges établi pour cette éventuelle nouvelle appellation.
    En dehors des aspects géographiques et techniques, il y a là un petit historique que je vous livre tel quel (il est dû à l'Association pour la Promotion de la Charcuterie d’Alsace, je n'ai pas changé une virgule). Après sa lecture, vous serez incollable sur ce fleuron de notre gastronomie.

     

    L’Alsace est de longue date une région à tradition charcutière. La "Knackwurst", ancêtre de la "Knack d’Alsace", apparaît dans les textes dès le début du XVIème siècle, elle est citée en 1575 dans un ouvrage de Jean Fischart intitulé "Geschichtklitterung".

    Une région marquée par son histoire

    La situation de l’Alsace en frontière avec l’Allemagne a fortement contribué à son histoire ainsi qu’au développement de savoir-faire dans le domaine de la charcuterie. Au cours de son histoire, l’Alsace a été tantôt française, tantôt allemande. L’annexion par l’Allemagne en 1871 a paradoxalement fortement contribué à préserver et affirmer l’identité de l’Alsace notamment à travers ses savoir-faire culinaires qui se sont malgré tout enrichis de l’apport des pratiques allemandes.

    Knacks visu.jpgA la veille de la guerre de 1870, le travail des charcutiers alsaciens, bien que partiellement mécanisé, se faisait essentiellement à la main. La pâte était obtenue grâce à l’utilisation de hachoirs et d’écraseurs à rouleaux. La viande et le lard étaient écrasés jusqu’à l’obtention d’une masse uniforme et collante puis pétrie avec incorporation des épices et de l’eau. Cette technique permettait déjà aux charcutiers alsaciens d’obtenir une pâte fine et homogène caractéristique de la "Knack d’Alsace".

    Avec l’annexion de l’Alsace au Reich allemand au XIXème siècle, des milliers d’Allemands s’installèrent en Alsace. Parmi eux, une trentaine de charcutiers Wurtembergeois élirent domicile à Strasbourg et eurent une profonde influence sur les techniques utilisées par les charcutiers alsaciens. Ils apportèrent notamment une technique de fabrication améliorée et un matériel plus perfectionné. Leur technique, plus mécanisée, tout en augmentant leur capacité de production, permettait de mieux travailler les viandes en vue de la préparation d’une farce plus finement divisée pour laquelle ils utilisaient déjà couramment la viande de gros bovin. Ils introduisent tout particulièrement la technologie du cutter jusque dans les petites entreprises artisanales avec l’apparition du moteur électrique. Ces artisans employant une main d’oeuvre locale et formant des apprentis, les acquisitions techniques et les méthodes modernes se répandirent peu à peu dans les autres entreprises.

    Au lendemain de la première guerre mondiale, de nouvelles dispositions fiscales contribuent, indirectement, au développement de la charcuterie alsacienne et plus particulièrement des knacks d’Alsace. L’instauration d’une taxation de la viande au détail amputa sensiblement la marge bénéficiaire des bouchers qui se limitait à la commercialisation de viande. Comme la charcuterie ne subissait pas le même sort, les bouchers devinrent alors bouchers-charcutiers.

    Depuis cette époque, en Alsace, tous les artisans de la filière viande sont bouchers-charcutiers.